Boko Haram attaque une île nigérienne sur le lac Tchad

NIAMEY (Reuters) - Des combattants de Boko Haram ont attaqué vendredi soir une île située sur la partie nigérienne du lac Tchad mais ils ont été repoussés par l'armée après d'intenses combats, a-t-on appris auprès d'habitants et de sources au sein des services de sécurité. La zone du lac Tchad, un labyrinthe de petites îles et de marécages, est fréquemment utilisée par la secte islamiste, qui en a fait un repaire d'où elle lance des attaques vers les pays qui bordent l'étendue d'eau. "Il y a eu des tirs d'armes lourdes et de mitrailleuses vers 20h00 heure locale", a dit un habitant de N'Guigmi, une localité située non loin des combats, attaquée ce mois-ci par Boko Haram. Des sources au sein des services de sécurité nigériens ont précisé que plusieurs combattants de Boko Haram avaient été tués lors des affrontements. On ignorait dans l'immédiat quelle île était la cible de l'attaque de vendredi et si elle est habitée, mais des sources ont déclaré qu'elle se trouvait en territoire nigérien, à une cinquantaine de kilomètres des frontières avec le Tchad et le Nigeria. L'une des sources au sein des services de sécurité a expliqué que cette île pourrait offrir à Boko Haram une base stratégique lui permettant de coordonner de nouvelles offensives. La semaine dernière, des combattants de la secte à bord d'embarcations motorisées ont attaqué un village de pêcheurs au Tchad, tuant au moins cinq personnes, ses premières victimes connues sur le sol tchadien. Le groupe sunnite, qui a fait plusieurs milliers de morts depuis six ans au Nigeria, contrôle un territoire équivalent à la superficie de la Belgique dans le nord-est du pays. Il a multiplié les attaques dans les pays voisins ces derniers mois. Le Nigeria, le Niger, le Tchad et le Cameroun ont amplifié leur riposte contre lui, menant des offensives au coeur des territoires contrôlées par ce groupe qui se réclame d'un islam sunnite radical. Avec le Bénin, ces pays ont décidé de former une force de 8.700 soldats pour combattre directement Boko Haram. Une réunion doit avoir lieu la semaine prochaine à N'Djamena, la capitale tchadienne, pour finaliser le projet. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est arrivé samedi au Tchad dans le cadre d'une mini-tournée de 48 heures qui doit le mener également au Cameroun et au Niger. Il a débuté sa visite par un entretien avec le président Idriss Déby. "Je lui ai dit la solidarité et le soutien de la France à l'égard du Tchad", a-t-il déclaré à la presse, ajoutant attendre des pays africains qu'ils prennent la tête du combat contre Boko Haram. La France, ex-puissance coloniale dans la région, y maintient une importante présence militaire et apporte depuis deux mois son soutien en matière de renseignement à la lutte contre Boko Haram. (Abdoulaye Massalaki, avec Madjiasra Nako,; Nicolas Delame et Marc Angrand pour le service français)