Top chef, épisode 9 : Polo reste sur le carreau

C'est enfin la demi-finale de Top Chef et ça c'est palace ! L'émission commence royalement pour les candidats avec trajet en limousine jusqu'à un hôtel parisien cinq étoiles, le Meurice. Rassurez, ils n'auront pas de clients mécontents à gérer ni ne vont essayer d'avoir le directeur. C'est plutôt entre eux que les pièges font rage, à l'orée de ces demi-finales. Fanny, Stéphanie, Pierre Sang et Paul-Arthur sont invités à dîner dans un salon privatisé et portent un toast « à tous ceux qui nous ont quitté ». On aurait dit une famille, dont les quatre survivants, saluent une dernière fois la mémoire des dix autres membres de la famille décédés tragiquement. Pendant qu'une petite musique mélodramatique est lancée, les portraits des candidats éliminés défilent en mode fondu pendant que le quatuor encore en lice énumère leurs noms… Une fois le dîner dégusté, l'hôte des lieux, le chef Yannick Alléno, leur apprend qu'ils vont passer la nuit ici, chacun dans sa suite. On a aussi droit à la séquence « tout le monde en peignoir puis jacuzzi party ». Pour donner une touche glamour, des pétales de roses sont à disposition. Pierre Sang en jette allégrement vers les filles. Les voilà maintenant, les quatre ensemble, dans le bain bouillonnant, pétales flottants et musique glamour. Un instant j'ai cru que M6 avait relancé son téléfilm érotique du dimanche soir. Mais vu l'heure (21 heures) et les maillots de bain guère sexy, je suis vite revenu à la réalité.

La réalité est moins sympa pour les candidats. Fallait s'en douter, derrière ces moments idylliques se cachaient forcément une entourloupe. Le lendemain, dès potron-minet, ils vont devoir cuisiner un plat d'agneau en quatre services. Cinq heures du matin, réveil douloureux par les chefs Ghislaine Arabian et Christian Constant. A l'inverse de Cendrillon, dont le carrosse se transforme en citrouille à minuit, nos Top Chef ont bénéficié de cinq heures d'onirisme supplémentaires. Le réveil n'en est que plus brutal quand vous voyez Christian Constant venir vous extirper du lit. Pourtant, va falloir être alerte rapidement. Sous l'œil intransigeant de Yannick Alléno, le quatuor risque l'élimination à chaque fausse note. Et mieux vaut bien maîtriser la partition pendant quatre heures car, au final, celui qui aura convaincu à la fois le chef du Meurice et le jury traditionnel sera qualifié pour la finale. Fanny, « mademoiselle je débite plus de gros mots à la minute que de lamelles de pomme de terre », se lance encore dans un grand numéro de soliloque. Ce qui ne surprend plus Stéphanie d'ailleurs, habituée à l'entendre parler toute seule. Pierre Sang, de son côté, sue à grosse gouttes : « Essuie toi le visage, la viande va être trop salée sinon », plaisante à moitié Alléno.

Enfin, un chef lui fait remarquer que sa surabondance de sudation peut être néfaste. En totale perte de ses moyens, Fanny craque et finit en pleurs à l'écoute du jugement du chef. Paul Arthur se fait reprendre sur l'appellation de son plat. Il revendique vouloir accommoder les restes du dimanche… Pas très noble comme plat trois étoiles. Finalement, Alléno donne sa voix à Pierre Sang, qu'il juge « le plus efficace et organisé ». Mais pour l'emporter, il faut faire l'unanimité et récolter aussi les suffrages d'Arabian et Constant. Suspense insoutenable, musique et images qui s'accélèrent… Pierre Sang aura-t-il une seconde lame verte, synonyme de qualification pour la finale ? Vous le saurez après la pub… C'est donc bien aussi le Lyonnais qui a séduit les juges et a l'assurance d'être dans les trois finalistes.

Fanny copie et se qualifie

Pour lui, « c'est colossal ». Pour tenter de rejoindre Pierre Sang en finale, Stéphanie, Fanny et Polo sont amenés à copier à l'identique un plat qu'ils ont dix minutes pour découvrir. Ce sera du cabillaud de Philippe Etchebest, chef étoilé à Saint-Emilion. L'occasion de présenter ce gaillard au physique de rugbyman qui ne sera autre que le grand gourou de « Cauchemar en cuisine », l'adaptation française de « Kitchen nightmares », qui sera lancée presque dans la foulée de Top Chef sur M6.

Les trois candidats ont deux heures pour essayer de reproduire à l'identique ce qu'ils ont vu et goûté. La complexité réside dans la mémoire gustative de chacun. Tandis que Polo ne fait pas mariner son poisson comme la recette le préconise, les filles galèrent avec la gelée de betterave. Gare à l'agar agar ! Ce produit gélifiant est dur à doser surtout quand la balance vous lâche… N'est ce pas Fanny ? Au final, si évidemment, la recette du chef n'est évidemment pas respectée à la lettre, les candidats s'en sortent plutôt bien. Même si au moment de l'envoi, Stéphanie oublie de mettre ses bâtonnets de pomme et que Polo n'a, lui, pas disposé son croustillant. Du coup, Fanny se rassure… et espère. Une surprise les attend.

En plus des jurés traditionnels, ce sont les papas respectifs de Fanny et Polo et la maman de Stéphanie qui vont jouer les goûteurs de luxe à l'aveugle. Séquence émotion, le pathos bat son plein… On connaît le mécanisme. C'est amusant de voir comment les enfants ressemblent à leurs parents. Notamment le papa de Fanny qui a l'air aussi calculateur et machiavélique que sa fille. Persuadé d'avoir décelé le travail de sa fille dans l'un des plats présentés, il va voter en fait pour… Polo, à qui il octroie quatre points. Tout contrit, il attribue heureusement deux points à sa fille. La maman de Stéphanie donne aussi deux points à sa fille. Seul le père de Paul-Arthur n'a pas récompensé son fils… En plus d'avoir convaincu les jurés, Cyril Lignac et Philippe Etchebest, Fanny glane aussi de justesse les suffrages des parents et de Pierre Sang. La voilà donc sur la dernière marche de la compétition.

À peine le temps de digérer la séquence lacrymale parentale qu'M6 remet le couvert. Stéphanie et Fanny retrouvent respectivement leurs deux enfants qu'elles n'ont pas vus officiellement depuis longtemps. Et une série de pleurs, en plus, une ! Stéphanie est donc regonflée à bloc avant l'épreuve de la dernière chance. C'est un gros avantage psychologique sur Polo, dont on déduit qu'il n'a même pas une copine pour le soutenir et lui apporter un peu d'affection. Les deux ultimes potentiels finalistes se retrouvent « au pied de la Tour Eiffel », annonce Agathe Lecaron. Je veux bien que la célèbre « Dame de fer » ait des pieds imposants mais quand vous voyez que la scène se passe au Trocadéro… Il y a quand même la Seine à traverser via le Point d'Iéna puis remonter vers le palais de Chaillot, ça fait bien presque 400m. Paul-Arthur et Stéphanie, installés dans un petit camion ambulant, doivent revisiter trois classiques de la cuisine de rue (pizza, croque-monsieur et burrito) en 1h45. Un défi difficile à réaliser dans un espace réduit et presque en extérieur. Stéphanie révèle qu'elle n'a jamais cuisiné une pizza de sa vie et improvise une cuisson de pâte.

La place de la femme est en cuisine?

En plus de touristes triés sur le volet, Fanny et Pierre sang sont chargés de noter leurs petits camarades et doivent donner une voix à l'ensemble qui les a le plus convaincu. C'est un raz-de-marée en faveur de Polo, auteur d'une cuisine peut-être un peu moins recherchée mais plus pratique à manger. Le Carcassonnais récolte 10 voix contre 1 pour Stéphanie. Fanny avouera avoir voté pour son comparse masculin, histoire « d'être la seule fille en finale ».

Mais heureusement pour Stéphanie, tout n'est pas perdu. Car les juges, Constant et Piège, doivent aussi prendre une décision. Après une longue réflexion, les chefs vont infirmer le choix « du peuple » et opter pour le travail de Stéphanie. Principal reproche adressé à Paul-Arthur, son croque monsieur qui n'en était pas vraiment un puisqu'il n'était pas cuit. Pour les départager, une ultime épreuve : préparer, en une heure, un plat de saumon. Et là, pas besoin de faire l'unanimité avec un public un peu moins averti. Seuls les quatre chefs jugeront, ce qui arrange bien la production et Stéphanie.

Le verdict est sans appel : « Il nous a été donné de goûter l'un des meilleurs plats de tout le concours », revendique Jean-François Piège. L'autre est « extrêmement décevant », juge Thierry Marx. C'est Paul-Arthur qui est recalé, à cause d'un plat trop simpliste. Le jury l'imaginait pourtant comme un très sérieux prétendant à la victoire finale. Stéphanie, elle, exulte. Fanny lui saute dans les bras. C'est beau le retournement de veste alors que la veille, elle voulait être la seule fille finaliste. Pierre Sang a lui plus de mal à se réjouir… A moins d'une semaine de la finale, qui sera diffusée en direct, il y a donc de fortes chances pour que le Top Chef 2011 soit UNE Top Chef. Tant d'années de féminisme et de lutte pour l'égalité des sexes pour se rendre compte que, finalement, la place de la femme est en cuisine…

Florent Borely