Les Editions René Chateau condamnées pour avoir escamoté la fin tragique de “La Belle Equipe”

AFP
AFP

La justice a interdit à un éditeur de continuer à commercialiser des vidéos de "La Belle Equipe" de Julien Duvivier et l'a condamné pour avoir exploité la fin heureuse du long métrage et non sa version tragique que préférait le réalisateur, selon un arrêt consulté samedi par l'AFP.

Depuis 2000, Christian Duvivier, fils de Julien, ainsi que Janine Spaak, épouse de Charles Spaak, le scénariste du film, reprochaient aux Editions René Chateau d'exploiter sans autorisation le long métrage de 1936 avec Jean Gabin et Charles Vanel.

En 2006, le tribunal de grande instance de Paris leur avait donné raison et interdit à l'éditeur de vidéogrammes d'exploiter "La Belle Equipe". Il estimait que la société d'édition ne démontrait pas qu'elle détenait les droits d'exploitation, commettant ainsi "des actes de contrefaçon".

Il avait condamné l'éditeur à verser aux ayants droit de Julien Duvivier 20.000 euros "en réparation de leur préjudice patrimonial".

Dans un arrêt rendu le 23 février, la cour d'appel de Paris a confirmé la contrefaçon, évalué à 60.000 euros le préjudice patrimonial, y ajoutant 35.000 euros de frais de justice.

Mais ce n'est pas tout. La cour est allée encore plus loin, en condamnant également les Editions René Chateau pour "préjudice moral".

En effet, rappelle-t-elle, à l'origine, le film "La Belle Equipe" a été conçu "dans une version comportant une fin tragique dans laquelle le personnage incarné par Jean Gabin devient le meurtrier de celui joué par Charles Vanel".

Mais, "le peu de succès commercial du film à sa sortie et l'insistance du producteur ont conduit les auteurs à imaginer et tourner une autre version dans laquelle les deux personnages se réconcilient". C'est dans cette version que le film a été exploité pendant près de trente ans.

Cependant, en 1966, les auteurs ont autorisé l'exploitation de leur oeuvre à la télévision "à la condition que le film serait désormais exploité seulement dans sa version d'origine".

Pour la cour, commercialiser des vidéogrammes donnant à voir la fin heureuse "porte atteinte au droit moral des auteurs", qui "jouissent d'un droit perpétuel, inaliénable et imprescriptible au respect de leur oeuvre".

A ce titre, l'éditeur devra verser 6.000 euros de dommages et intérêts supplémentaires.