Blocage des agriculteurs : les barrages se lèvent, mais la méfiance persiste

Des manifestants à Rennes le 1er février 2024, jour des annonces de Gabriel Attal pour le agriculteurs.
SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP Des manifestants à Rennes le 1er février 2024, jour des annonces de Gabriel Attal pour le agriculteurs.

AGRICULTEURS - Après dix jours de manifestations, les agriculteurs en colère rentrent chez eux. Les annonces du Premier ministre Gabriel Attal ce jeudi 1er février ont amené les syndicats FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) à « suspendre les blocages ». Symbole du mouvement, le convoi parti d’Agen pour rejoindre le marché de Rungis, en banlieue de Paris, a annoncé faire demi-tour.

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« On va revenir sur Pierrefitte [Pierrefitte-sur-Sauldre dans le Loir-et-Cher au sud de la Loire, NDLR] ce soir et après on va redescendre sur le Lot-et-Garonne », a déclaré à l’AFP le coprésident de la Coordination rurale 47 José Perez, en précisant que le convoi était désormais composé d’environ « 150 tracteurs et 300 personnes ».

Ce ne sont pourtant pas vraiment les annonces de Gabriel Attal qui les ont convaincus. « On n’a pas obtenu ce qu’on voulait, mais à un moment donné quand vous avez les blindés tous les jours devant les ponts et qu’on n’arrive pas à avancer depuis deux jours...Soit on les pousse et on va à l’affrontement – et on ne va pas le faire –, soit on reste tranquille et on fait demi-tour », a ajouté José Perez.

« Enfumade »

Jean-Pierre Labeau, un des coordinateurs du convoi de la Coordination rurale 47, amer, a complété : « C’est toujours pareil, de “l’enfumade” comme d’habitude. On nous donne de la poudre de perlimpinpin. Les agriculteurs ici attendent du concret, on n’a pas de concret. »

Le président de la FNSEA Arnaud Gaillot a aussi reconnu sur RTL que la « fatigue » s’installait après 10 jours de mobilisation. « On n’est pas là juste pour bloquer, ce n’est pas notre métier, on veut rentrer dans nos fermes, on veut travailler », a-t-il affirmé. La Confédération paysanne a, elle, déjà annoncé qu’elle continuerait à manifester, « faute de réponse sur le revenu paysan ».

Outre le convoi de Rungis qui a fait demi-tour, la levée des barrages a débuté ce jeudi soir, comme l’ont constaté les préfectures, même si des blocages ponctuels persistent, selon Matignon. Les agriculteurs ont ainsi quitté le pont de Cheviré à l’ouest de Nantes et le barrage qui coupait l’A6 au niveau du grand péage de Villefranche-sur-Saône au nord de Lyon.

Rendez-vous au Salon de l’agriculture

Près de Paris, les points de blocages sur l’A1 et l’A16 devraient être levés d’ici à vendredi midi, celui de l’A6 à 10 heures, précisent Le Parisien et BFMTV. Là aussi, les agriculteurs restent vigilants. « Les annonces faites aujourd’hui constituent une base de progrès (...). On va peut-être enfin pouvoir retrouver le sommeil. Même si je ne dormais pas tous les soirs sur les barrages, le simple fait de rester sur place à piétiner devient vite usant », a reconnu à un manifestant au quotidien francilien.

« Je ne suis pas très satisfait et je ne suis pas le seul », ajoute un autre, qui fait état de tensions après une semaine et demie de combats sur les routes. Un troisième menace : « Nous sommes des gens responsables mais si à ces échéances le compte n’y est pas, nous serons de retour avec des actions bien plus fortes. Il y a un grand événement l’été prochain en France, nous souhaitons tous qu’il se passe bien. »

Avant les Jeux olympiques de Paris, les syndicats donnent quelques semaines au gouvernement pour obtenir de « premiers résultats ». Leur date butoir : le Salon de l’agriculture, qui aura lieu du 24 février au 3 mars prochain dans la capitale. Nul doute que l’édition 2024 sera mouvementée.

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