Les blessures encore à vif du coup d'Etat

Le quarantième anniversaire de l’instauration de la
dictature de Pinochet et du coup d’Etat militaire du 11 septembre 1973, qui mit
fin de façon tragique au gouvernement socialiste de Salvador Allende, a pris
cette année une importance particulière et domine l’actualité depuis plusieurs
jours. De nombreux journaux et sites Internet publient des suppléments et des
dossiers spéciaux, des informations
inédites, tandis que la télévision a diffusé de nombreuses émissions sur le sujet
qui témoignent que les blessures sont encore à vif.

Ainsi, le quotidien de droite El
Mercurio
,
qui a toujours soutenu la dictature, constate dans son éditorial
que “la sensibilité face au thème des droits de l’homme s’est
confirmée”. Il déplore que “les générations émotionnellement impliquées
dans les événements de ces années empêchent de parvenir au consensus que le
pays mérite” et souligne que “la génération des moins de 40 ans
commence à se former sa propre opinion avec un regard
plus universel et pas particulièrement axé sur le respect des droits de
l’homme”.

Comme pour lui répondre, le site El
Mostrador
consacre un long article à Agustín Edwards, un des hommes les
plus puissants du Chili, propriétaire du Mercurio, expliquant que cet “ennemi de la chose publique” fut un des piliers du coup
d’état et de la dictature qui s’ensuivit.

Le journal The Clinic, créé en 1998, juste après l’arrestation du général
Pinochet dans une clinique de Londres, a consacré un large supplément à cette
page sombre de l’histoire chilienne. Il publie chaque jour depuis plusieurs
semaines des informations souvent inédites sur son site. On y trouve ainsi le “manuel des opérations secrètes de la Dina” (la police politique de
Pinochet), daté de 1976, qui recommandait explicitement
à ses agents de “ne pas laisser de traces quand ils transgressent la loi”.
The
Clinic
, journal aussi satirique, propose de plus le jeu vidéo inédit
commémoratif “Resident Chicho”
[le surnom de Salvador Allende], qui
offre à ses lecteurs la possibilité d‘ “aider le président martyr à sauver
le palais présidentiel” ou la la liste des “40 films ridiculement interdits par la dictature”, qui va du Violon sur le toit au Dernier tango à
Paris
en passant par les Les Valseuses.La revue féminine Paula publie pour sa part le témoignage de trois d’enfants (aujourd’hui agés de 42 à 46 ans) enlevés et séquestrés par les militaires, soulignant le fait que 2 200 mineurs ont souffert de la prison ou de la torture pendant la dictature.Loin d’une réconciliation nationale

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