Bizutages violents: un peloton militaire dissous en Belgique
La Défense belge a annoncé jeudi la dissolution d'un peloton d'une trentaine de soldats, au sein duquel ont été mis en évidence des faits de violences et des humiliations lors de rituels d'intégration.
"C'est une décision grave et probablement unique dans l'histoire récente de la Défense belge", a déclaré son chef, l'amiral Michel Hofman, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. À ses côtés, la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, a dénoncé des comportements "inacceptables", "en aucun cas compatibles avec les valeurs de la Défense".
"Un silence était imposé"
Les faits, survenus dans un peloton du 4e bataillon du génie établi à Amay près de Liège, remontent probablement à 2021, selon les premiers éléments. Ils font l'objet d'une double enquête, administrative et judiciaire, qui devra établir les responsabilités de chacun parmi les "quelques dizaines" de personnes impliquées, auxquelles "un silence était imposé", selon Ludivine Dedonder.
"On est dans un cadre où auteurs, victimes et témoins se mélangent", a souligné la ministre de la Défense pour pointer la difficulté à ce stade à chiffrer le nombre de suspects. Elle a évoqué des faits de "coups et blessures", des "traitements humiliants et dégradants", du "harcèlement", avec "menaces, pressions, chantage" pour que ces agissements ne soient pas révélés. "Ca se passait durant des formations, des entraînements", a expliqué le patron de la Défense, "une ligne rouge a été franchie par certains". Des militaires ont déjà été "écartés", d'autres "mutés", mais les mesures disciplinaires définitives dépendront de l'avancement des enquêtes. "Ca prend du temps de composer ce puzzle", a relevé l'amiral Hofman.
Les soldats appelés à signaler tout comportement problématique
À ce stade aucune violence sexuelle ou à connotation raciste n'a été mise en évidence. La Belgique fait partie de l'Otan et ses soldats sont régulièrement déployés dans d'autres pays membres. Le 4e bataillon du génie d'Amay a récemment été engagé plusieurs mois dans une mission d'entraînement en Roumanie, selon sa page Facebook. Jeudi, Ludivine Dedonder a appelé tous les soldats belges, notamment les jeunes recrues, à signaler tout comportement problématique dont ils seraient les témoins au sein de l'armée.
À propos des abus au bataillon d'Amay, elle a expliqué avoir sollicité une enquête interne après avoir elle-même été prévenue de la situation, en novembre 2023, par un mail envoyé par un proche d'une victime.