Birmanie: Sept soldats condamnés pour avoir tué des Rohingyas

Des réfugiés Rohingyas. Sept soldats birmans ont été condamnés à une peine de dix ans d'emprisonnement avec travaux forcés pour avoir pris part à l'assassinat de dix musulmans Rohingyas dans l'Etat de Rakhine en septembre dernier, a annoncé mardi l'armée birmane. /Photo prise le 3 avril 2018/REUTERS

RANGOUN (Reuters) - Sept soldats birmans ont été condamnés à une peine de dix ans d'emprisonnement avec travaux forcés pour avoir pris part à l'assassinat de dix musulmans Rohingyas dans l'Etat de Rakhine en septembre dernier, a annoncé mardi l'armée birmane.

"Quatre officiers, qui ont été dénoncés, ont été radiés définitivement de l'armée et condamnés à dix ans de prison avec travaux forcés dans une zone à l'écart", dit un communiqué publié sur la page Facebook du bureau du chef de l'armée, qui précise que trois autres membres de l'armée ont été déclassés au rang de soldat et se sont vus infliger les mêmes condamnations.

Des procédures sont toujours en cours contre des membres de la police et des civils "impliqués dans ce crime", est-il précisé.

L'armée birmane a annoncé en janvier que des soldats avaient assassiné dix "terroristes" musulmans qui avaient été capturés au début du mois de septembre, un rare aveu d'exactions dans l'Etat de Rakhine (Arakan).

Cette annonce faisait suite à la découverte un mois plus tôt d'une fosse commune contenant dix corps au bord d'un village de l'Etat de Rakhine, région de l'ouest de la Birmanie où vit la minorité apatride musulmane des Rohingyas.

L'assassinat de ces dix Rohingyas faisait l'objet d'une enquête de deux journalistes de l'agence Reuters, qui ont été arrêtés en décembre et inculpés pour infraction à la loi sur les secrets d'Etat.

L'enquête interne ouverte par l'armée est indépendante et sans aucun lien avec l'enquête des deux journalistes, ont précisé en février les autorités birmanes.

Près de 700.000 Rohingyas ont fui vers le Bangladesh depuis le début des représailles militaires lancées après l'attaque coordonnée, le 25 août, d'une trentaine de commissariats, par les séparatistes de l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ASRA).

L'Onu et les Etats-Unis ont évoqué une purge ethnique, tandis que la Birmanie estime que son armée mène des opérations contre-révolutionnaires légitimes.

(Th Thu Aung et Shoon Naing, Antoni Slodkowski, Jean Terzian pour le service français)