Birmanie: L'ONU veut collecter les preuves des exactions de la junte militaire

BIRMANIE: L'ONU VEUT COLLECTER LES PREUVES DES EXACTIONS DE LA JUNTE MILITAIRE

GENÈVE (Reuters) - Des enquêteurs de l'ONU ont lancé mercredi un appel à la population birmane pour qu'elle collecte et conserve les preuves documentaires des exactions commises par l'armée depuis le coup d'État du 1er février, afin de constituer de futurs dossiers contre ses dirigeants.

Plus de 180 manifestants ont été tués depuis le début du mouvement de protestation dans ce pays d'Asie du Sud-Est par les forces de sécurité, a déclaré lundi l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

"Les personnes (...) responsables des crimes internationaux les plus graves occupent généralement des postes de direction élevés" et "ne sont même pas présents sur les lieux où les crimes sont commis", a déclaré Nicholas Koumjian, le chef de l'équipe d'enquêteurs des Nations unies, dans un communiqué.

"Pour prouver leur responsabilité, il faut des preuves des rapports reçus, des ordres donnés et de la manière dont les politiques ont été définies", a-t-il ajouté.

Les personnes disposant de telles informations doivent contacter les enquêteurs par des moyens de communication sécurisés, a-t-il ajouté, citant une application comme Signal ou une adresse e-mail sécurisée ProtonMail.

Un porte-parole de la junte n'a pas répondu aux appels téléphoniques demandant des commentaires.

Mardi, le bureau des droits de l'homme de l'ONU a condamné l'utilisation de balles réelles contre les manifestants et l'Union Européenne doit approuver lundi prochain des sanctions contre les individus responsables du coup d'Etat.

"Ils ne sont absolument pas contrôlés et deviennent plus brutaux chaque jour. C'est une escalade calculée de la brutalité", a déclaré mercredi à Reuters un haut fonctionnaire de l'ONU, qui a refusé d'être identifié.

Les enquêteurs de l'ONU recueillent des preuves de l'utilisation de la force létale, d'arrestations illégales, de torture et de détentions de personnes dont les familles ne savent où elles se trouvent, une pratique illégale connue sous le nom de disparition forcée, selon le communiqué.

La mission d'enquête indépendante sur la Birmanie a été mise en place par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU en septembre 2018 pour consolider les preuves des crimes et des violations du droit international les plus graves commis en Birmanie depuis 2011.

(Stephanie Nebehay, version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)