Le bilan du Brexit par des expats européens à Londres

Il y a huit ans, les Britanniques votaient à près de 52 % pour la sortie de leur pays de l’Union européenne. Quatre ans plus tard, le 31 janvier 2020, le Brexit était effectif. Le quotidien El País a demandé à plusieurs Européens installés de longue date à Londres comment ils ont vécu ce moment et ce qui a changé depuis. Pour eux, “rien ne sera plus jamais pareil”, après ce que le journal espagnol qualifie de “plus grand revers de l’histoire du projet européen”.

Daniel Juliá, un entrepreneur espagnol de 54 ans, réside au Royaume-Uni depuis trente ans. Il déplore les frais de douane, l’augmentation des formalités administratives ainsi que la difficulté à trouver du personnel. “Désormais, pour faire venir un cuisinier italien ou espagnol, il faut d’abord débourser environ 30 000 livres [environ 35 500 euros]”, explique-t-il, avant d’ajouter que “le Royaume-Uni s’est tiré une balle dans le pied”.

Matteo Dughiero est un informaticien italien de 34 ans. Il déplore avant tout la xénophobie qui a permis le Brexit. Il a néanmoins choisi de rester dans le pays, pour les pespectives professionnelles qu’il lui a offertes. Il est heureux que sa fille grandisse en Norvège, dans le pays de sa mère, car le système y est plus protecteur :

“Ici, si tout va bien pour vous, comme pour moi, vous n’avez pas de problèmes : j’ai des soins de santé privés et de bons services. Mais je veux qu’elle grandisse dans un endroit où, si elle ne réussit pas dans ce qu’elle entreprend, ce ne sera pas si grave. Un endroit où il y a une infrastructure publique, un réseau de services pour prendre soin d’elle. Un réseau que chacun paie avec ses impôts.”

Georgios (il s’agit d’un pseudonyme, à sa demande), un quadragénaire originaire de Chypre, a lui aussi observé la hausse du sentiment hostile à l’immigration et aux étrangers. Il en souligne l’hypocrisie lorsqu’il constate que les hôpitaux, par exemple, ne pourraient pas fonctionner sans eux.

Ulises (nom d’emprunt) est un Espagnol qui vit dans le pays depuis vingt ans, où il dirige des projets d’intelligence artificielle pour des multinationales. Il prend acte de la fin de la “promesse britannique du multiculturalisme” et de“la privatisation de nombreux services”. “La beauté des célèbres parcs londoniens réside dans le fait qu’ils sont là pour tout le monde. Lorsqu’ils sont privatisés, les jardins perdent leur âme”, confie-t-il.

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