Bienvenue en Italie, le pays des complotistes

Un fond blanc neutre, où figure seulement une définition tirée d’un des plus célèbres dictionnaires italiens : “Complotiste : personne qui considère que derrière de nombreux événements se cachent des conspirations, des trames et des comportements occultes.”

C’est ainsi qu’est illustrée la une de l’hebdomadaire italien Il Venerdì du 2 juin. Un numéro dans lequel le magazine italien se penche sur la problématique du complotisme qui, selon ce titre progressiste, sévit de plus en plus dans le pays. Pour appuyer sa théorie, le média transalpin a commandé un sondage auprès de 800 citoyens représentatifs de la population. Leurs réponses aux questions qu’on leur a posées sont pour le moins surprenantes.

Ainsi, détaille le journal de Rome, “25 % des Italiens jugent ‘plausible’ l’affirmation selon laquelle les vaccins sont une méthode de contrôle de masse à travers la 5G, 29 % celle qui considère que le débarquement sur la lune n’a jamais eu lieu, et 32 % l’affirmation selon laquelle l’attentat du World Trade Center a été organisé par les Américains”.

“Une ère post-idéologique”

L’hypothèse que les vaccins sont créés en laboratoire pour favoriser les industries pharmaceutiques est, elle, jugée plausible par 42 % des personnes interrogées. Deux théories franchissent même la barre des 50 % : 54 % des répondants considèrent comme plausible que Lady Diana ait été tuée sur ordre de la monarchie britannique, et 60 % qu’une élite organisée contrôle le monde, cette dernière théorie étant un peu le condensé du phénomène complotiste dans son ensemble.

Ce constat dressé, Il Venerdì donne la parole à plusieurs experts pour tenter de l’expliquer. Parmi eux, Alessandro Rosina, professeur de démographie et de statistique sociale à l’université catholique de Milan, propose une analyse plus détaillée de ces chiffres :

“Les tranches d’âge les plus concernées par ces théories conspirationnistes sont celle entre 34 et 44 ans et celle entre 45 et 54 ans, et ce n’est pas surprenant.”

Le professeur explique : “En effet, il s’agit là de générations frappées par la frustration, qui, pour les 35-44 ans, sont nés dans une ère post-idéologique, et peu importe si ces idéologies étaient discutables, elles étaient tout de même une forme de boussole pour s’orienter. Autre élément à considérer : ce sont les premières générations qui se sont informées sur le web en s’exposant à des visions antisystèmes. Enfin, souvent, ces gens viennent du sud du pays, des régions qui ont eu un accès moindre au bien-être.”

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