Biélorussie: Dix jours de prison pour deux membres de l'opposition

BIÉLORUSSIE: DIX JOURS DE PRISON POUR DEUX MEMBRES DE L'OPPOSITION

MINSK (Reuters) - Deux chefs de file de l'opposition en Biélorussie ont été condamnés mardi à dix jours de prison, signe que le pouvoir entend maintenir la pression contre les opposants encore en liberté.

Parallèlement, les enseignants se sont joints aux manifestations de grande ampleur qui se poursuivent pour contester la réélection, le 9 août, du président Alexandre Loukachenko.

Olga Kolvakova, principale représentante encore sur place de la candidate d'opposition Svetlana Tsikhanouskaïa, elle-même réfugiée en Lituanie, et Sarhei Dyleuski, meneur des grèves dans l'une des plus grandes usines du pays, dans la capitale Minsk, ont comparu devant deux tribunaux séparés au lendemain de leur interpellation mais ont écopé de la même peine.

Ils sont tous les deux membres du Conseil de coordination de l'opposition, structure mise en place la semaine dernière avec pour objectif affiché de négocier un transfert du pouvoir et qui fait l'objet d'une enquête pénale.

Un autre membre du conseil, Pavel Latouchko, ancien ministre de la Culture, a été interrogé mais pas arrêté mardi. Egalement membre de ce conseil qui compte des dizaines de membres, l'écrivaine biélorusse Svetlana Aleksievitch, lauréate du prix Nobel de littérature, a été convoquée pour un interrogatoire mercredi.

"L'intimidation ne fonctionnera pas. Nous ne céderons pas", a déclaré Svetlana Tsikhanouskaïa par visioconférence lors d'une réunion de membres du Parlement européen.

"Nous demandons la libération de tous les prisonniers politiques. Nous demandons l'arrêt de la violence et de l'intimidation par les autorités", a-t-elle ajouté.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mardi devant le ministère de l'Education pour protester contre la menace d'Alexandre Loukachenko de licencier tous les enseignants qui ne soutiendraient pas son gouvernement.

"Je suis venu pour que les enseignants n'aient pas peur, pour que leur voix soit entendue, pour qu'ils puissent travailler même s'ils ne sont pas du même avis que les autorités", a dit l'une des manifestantes, une professeure de littérature qui a dit se prénommer Svetlana.

Alexandre Loukachenko, qui dirige la Biélorussie d'une main de fer depuis 26 ans et a été réélu le 9 août au terme d'un scrutin considéré comme truqué par l'opposition, a traité les manifestants de "rats" et les a accusés de recevoir des soutiens financiers de l'étranger.

(Andrei Makhovsky, avec Robin Emmott à Bruxelles, version française Myriam Rivet et Marc Angrand, édité par Bertrand Boucey)