Biélorussie: plus de 100.000 manifestants à Minsk malgré une forte présence policière

Des dizaines de milliers de manifestants défilent à Minsk ce dimanche contre le président Alexandre Loukachenko - TUT.BY
Des dizaines de milliers de manifestants défilent à Minsk ce dimanche contre le président Alexandre Loukachenko - TUT.BY

Des dizaines de milliers de Bélarusses ont de nouveau défilé ce dimanche à Minsk à l'appel de l'opposition qui réclame le départ du président Alexandre Loukachenko, malgré l'impressionnant déploiement des forces de l'ordre et de l'armée dans la capitale.

Le chef de l'Etat de 66 ans, au pouvoir depuis 26 ans et dont la réélection du 9 août est contestée, continue lui d'exclure tout dialogue et recherche le soutien de Moscou.

"Combien vous payent-ils ?"

Parfois aux son des tambours, toujours drapés des couleurs rouges et blanches de l'opposition, les manifestants sont partis en début d'après-midi en cortège des différents quartiers de Minsk pour se réunir progressivement, jusqu'à former deux impressionnants défilés sur des boulevards convergeant vers le centre.

Criant des slogans comme "Tribunal!" ou "Combien vous payent-ils?" à destination des forces de l'ordre, les manifestants se sont ensuite dirigés vers le palais de l'Indépendance, la résidence d'Alexandre Loukachenko protégée par un important dispositif de sécurité.

Selon des journalistes de l'Agence France-Presse, la mobilisation était supérieure à celle des précédents weekends, et plus de 100.000 Bélarusses défilaient.

75 manifestants arrêtés

Comme la semaine dernière, les forces de l'ordre ont été déployées en masse, avec des canons à eaux et même l'armée et des véhicules blindés autour de bâtiments stratégiques. Les stations de métro ont été fermées avec des barrières et des barbelés.

L'ONG de défense des droits de l'Homme Viasna a fait état de 75 manifestants interpellés. D'autres manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes du pays, notamment à Grodno (ouest) où des échauffourées ont éclaté avec la police.

Loin de sembler reculer, le régime d'Alexandre Loukachenko a pourtant répondu par de nouvelles arrestations à la mobilisation des étudiants, qui ont multiplié les actions et se sont mis en grève après la rentrée du 1er septembre.

Une vingtaine de journalistes bélarusses interpellés

Plusieurs dizaines d'entre eux ont été arrêtées dans la semaine, une réponse répressive qui touche aussi les journalistes bélarusses dont une vingtaine ont été interpellés.

"Souvenez-vous que nous sommes forts tant que nous sommes unis", a déclaré dans un court message Svetlana Tikhanovskaïa, qui a par ailleurs appelé la communauté internationale à sanctionner Alexandre Loukachenko et à envoyer une mission de l'ONU pour "documenter" les violations des droits humains dans le pays.

La répression avait été particulièrement brutale dans les premiers jours suivants l'élection: au moins trois personnes avaient été tuées, des dizaines blessées et plus de 7.000 interpellées durant les premières manifestations. De nombreux cas de tortures et de mauvais traitements avaient aussi été documentés.

"Complot" occidental

Depuis, les arrestations massives sont moins nombreuses mais le régime multiplie les pressions visant des travailleurs en grève ou des figures de l'opposition, dont plusieurs se sont réfugiés à l'étranger par crainte d'une arrestation.

L'une d'entre elles, Olga Kovalkova, a déclaré samedi avoir trouvé refuge en Pologne après avoir été menacée par les services secrets bélarusses.

Alexandre Loukachenko, qui avant l'élection n'avait pas de mots assez durs pour dénoncer les tentatives de "déstabilisation" de Moscou, dénonce désormais un "complot" occidental et fait tout pour se rapprocher de la Russie.

Soutien de la Russie

Moscou semble répondre positivement et a intensifié son soutien avec la visite à Minsk ce jeudi de son Premier ministre Mikhaïl Michoustine, le premier déplacement de ce niveau depuis le début de la crise, ou la rencontre entre les chefs des diplomaties des deux pays.

Durant sa rencontre avec Mikhaïl Michoustine, Alexandre Loukachenko a aussi affirmé que ses services avaient intercepté une communication entre Berlin et Varsovie prouvant que l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny, hospitalisé à Berlin, était une "falsification" occidentale.

La télévision bélarusse a diffusé l'enregistrement ce vendredi soir, accueilli souvent de manière dubitative par les internautes bélarusses ou russes, tandis que Moscou gardait le silence.

Article original publié sur BFMTV.com