Beyrouth : journal d'un effondrement

Charif Majdalani.
Charif Majdalani.

Quelques secondes, et tout bascule. Y compris dans l'écriture même d'un livre. Le romancier libanais francophone Charif Majdalani nous convie à vivre un été à ses côtés. Dans son livre, il croque des scènes de tous les jours, notant ses pensées sur la déroute économique de son pays. Sans oublier l'explosion meurtrière du 4 août dernier ou la pandémie. Celui dont l'?uvre est publiée au Seuil ? l'inaugurale Histoire de la grande maison, mais encore Caravansérail, ou plus récemment Des vies possibles ? avait entrepris de tenir un journal au 1er juillet dernier racontant la faillite du gouvernement et tout ce qui s'est ensuivi ? l'électricité qui manque, les employés de banque incapables de répondre à la demande des clients, les préparatifs à un nouvel exil? Ces courts chapitres, il les compose depuis sa terrasse ensoleillée, dans le calme d'une écriture sans pathos, mais dont on sent qu'elle est une thérapie, notant que l'État libanais aurait dû « fêter » son centenaire. Il en rappelle brièvement et utilement la complexe histoire, les heures de gloire, avant d'entamer une « généalogie du désastre ».

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Et puis le journal s'interrompt. Entre le 4 et le 10 août. Le temps de pouvoir reprendre la plume et de raconter cette explosion, dont le pays n'est pas remis. C'est une fracture avec « un autre temps », écrit-il en se relisant : « Somme si j'entrais dans une pièce où sont conservés intacts les quelques loint [...] Lire la suite