Bertrand Bonello : "Le fantastique est la base de ma cinéphilie"

Comment appréhendez-vous votre fonction de président de jury?
Je l'ai déjà été dans le passé. Je n'accorde pas énormément d'importance à ce titre. Je vais organiser au mieux les débats, essayer de retranscrire et de synthétiser la parole de mes huit jurés. Et de ne jamais imposer mon point de vue! Je suis très heureux à l'idée de visionner des films récents, avec le Covid-19 cela faisait trop longtemps. Les douze candidats au Grand Prix viennent de France, du Royaume-Uni, d'Allemagne, de Suède, de Pologne, du Canada, des Etats-Unis, d'Australie, de Corée du Sud! Voir comment chaque sensibilité, chaque culture apprivoise ses peurs m'excite et attise ma curiosité. Nous expérimentons une période de terreur pure avec la pandémie, qui nourrit le cinéma fantastique, parfaitement adapté pour mettre en scène ce bouleversement majeur de notre existence. Depuis toujours, il joue ce rôle. Souvenez-vous de la conversation entre l'astronaute et Hal, l'ordinateur, dans 2001, l'Odyssée de l'Espace (1968), de Stanley Kubrick. Quand l'homme se trouve à l'extérieur du vaisseau, Hal dit : "Si je t'ouvre la porte, tu vas me débrancher." Déjà, il y a l'idée de notre dépendance à la machine, de sa toute-puissance. A partir d'un postulat clair, le genre permet de libérer un imaginaire et des pulsions qui peuvent donner naissance à des visions.

Comment est né votre goût pour le fantastique?
C'est la base de ma cinéphilie! Adolescent au début des années 1980, j'habitais à la campagne où il n'y avai...


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