Bernard Tapie, l’aventurier de la politique

Nul n’a mieux pratiqué le mélange des genres en politique que Bernard Tapie, au début des années 1990. Milliardaire, patron de club de football, «Nanard» a aussi connu une carrière d’élu météorique.

Bernard Tapie fut-il un «marcheur» avant l’heure? Lorsqu’il se lance en politique, en 1988, il est d’abord l’homme d’affaires flamboyant, le symbole d’une certaine idée de la réussite. Une belle prise pour François Mitterrand, vainqueur de la présidentielle quelques semaines plus tôt sous la bannière de «la France unie». Pour sa majorité, le président fait le pari de l’ouverture et décide d’appuyer l’entrepreneur dans sa conquête de la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône aux législatives. Tapie est battu, mais obtient en novembre 1988 l’annulation de l’élection. Candidat à l’élection législative partielle qui se tiendra l’année suivante, il expose son goût pour la chose publique en décembre dans Match. «Quand on considère que la société vous gâte -même si vous le méritez-, il faut lui rendre ce qu’elle vous donne.» Il l’assure, insistant : «Personne tant au PS que dans l’entourage de François Mitterrand, personne ne m’a jamais rien demandé, encore moins n’a jamais rien exigé. Jamais. Cela ne se sait pas, mais je vous affirme que c’est vrai.» Le patron de l’OM préférerait-il un poste de ministre ou gagner la coupe d’Europe? «Gagner la coupe d’Europe, bien sûr !», tranche-t-il sans hésiter. Il sera d’abord ministre de la Ville, mais emportera le trophée le 26 mai 1993.

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Le parcours politique de Bernard Tapie est jalonné de coups d’éclats et de retraites. A peine nommé ministre en avril 1992 doit-il démissionner en mai après avoir été mis en examen. En décembre 1992, il obtient un non-lieu et réintègre le gouvernement, pour quelques semaines seulement. La gauche est submergée par la vague bleue de mars 1993. Tapie, lui, parvient à sauver son siège de député, qu’il n’abandonnera qu’en(...)


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