Bernard Plossu. La Botte en touches

Sur l’île de Stromboli (sans date).

A Paris, la MEP présente les séries que le bourlingueur a réalisées de 1970 à 2010 en Italie. Des instantanés surprenants et intemporels saisis au hasard de ses déambulations.

Une route de village un peu laide, goudronnée, qui tourne entre deux bâtisses peu caractérisées. Un embranchement monte à gauche, bordé d’arbres. Plus à gauche encore, au bord de l’image, un panneau bleu de parking un peu flou. La photo est assez sombre, prise à hauteur de marcheur, objectif 50 mm, le plus proche de la vision humaine. A droite, une voiture garée. Le cartel indique que c’est à Bergo, en Italie (on n’a pas trouvé sur la carte), mais cela pourrait être n’importe où. Le sujet de cette image est plutôt le moment que le lieu : moment de suspension, d’incrédulité, lorsque le regard se cherche, qu’on se demande ce qu’il y a à voir. Sentiment de déjà-vu et d’ailleurs en même temps.

Persiennes. En 1972, Bernard Plossu invente le terme de «surbanalisme» à l’occasion d’un de ses livres. Comme le mot l’indique, il s’agit certes d’un antipittoresque, mais qui ajoute au lieu de seulement soustraire. L’Italie est peut-être l’endroit rêvé pour cette vision lo-fi, décroissante, puisqu’elle est saturée d’images, de souvenirs, c’est-à-dire de monuments. Aussi bien picturaux (Plossu cite Giotto et Véronèse autant que les futuristes Carra et Campigli) que cinématographiques : comment voir encore des barques à Capri et des Vespa à Milan ? Ce que Plossu photographie, c’est cette interrogation du voyageur, ou du simple vacancier, qui se sent obligé de «goûter» les lieux d’une façon particulière, d’aiguiser ses yeux pour retrouver ce que des générations de visiteurs ont vu et fixé dans leurs images avant lui ou qui, au contraire, n’arrive pas à regarder sous le poids des clichés accumulés, et devant qui surgissent Nanni Moretti et Ingrid Bergman dès qu’il pose le pied sur Stromboli. Dans les deux cas, c’est un échec : le réel est moins intéressant que son image. Mais l’expérience, elle, de cette (...) Lire la suite sur Liberation.fr

«Retrouver des racines familiales maternelles»
Pavé de Céramique et de verre pour un anniversaire
Dépouilles dans le potage à Berlin
Cocon d’art sur rocher princier
Quand Estienne planche sur le dessin de presse