Benoît XVI et François, un saint-siège pour deux

Alors que sur Netflix les « deux papes » sont très complices, dans la réalité les rapports entre Benoît XVI et François semblent plus complexes.

« Tonnerre de Dieu », se serait exclamé un cardinal de curie lorsque, arrivant le 16 décembre dernier dans ses bureaux, il aperçut depuis sa fenêtre l’affiche géante du film « Les deux papes ». Nous sommes la veille de l’anniversaire du pape François, mais le digne cardinal a bien compris que ce n’était sans doute pas pour fêter les 83 ans du Saint-Père qu’avait été placé là l’imposant panneau. Ceux qui ne connaissent pas la prudence et le goût du secret du petit monde Vatican pourraient en effet volontiers croire, vu l’emplacement et la ressemblance de Jonathan Pryce et Anthony Hopkins, les deux acteurs, avec Jorge Mario Bergoglio et Joseph Ratzinger, qu’il s’agit d’un documentaire avec eux.

Cet exploit commercial démontre la pagaille – d’abord providentielle pour Netflix – qui règne au Vatican sur le plan administratif, car ce cossu palais de la via della Conciliazione, à quelques mètres de la place Saint-Pierre, appartient à la Sacra Congregazione de Propaganda Fide, dicastère de l’administration pontificale chargé de l’évangélisation des peuples en terres de mission non catholiques. Elle gère, en toute indépendance, son très important patrimoine immobilier, sans avoir de comptes à rendre à personne. Sauf peut-être à Dieu. Et loue donc à son gré et fort cher cet emplacement publicitaire « béni », où l’affiche est restée un mois !

Les quelques prélats qui ont discrètement vu le film se sont écriés : « Mon Dieu, quelle ressemblance ! »

Mais revenons à ce film, aux décors magnifiques, en grande partie reconstruit en studio, qui fait d’abord sourire les vaticanistes ; nous qui mesurons combien il est impossible de photographier ne serait-ce qu’un olivier ou une marguerite dans l’enceinte du Vatican sans l’autorisation(...)


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