Benoît Jacquot mis en examen pour viols sur les actrices Isild Le Besco et Julia Roy

Le réalisateur, visé par des plaintes de Judith Godrèche, Julia Roy et Isild Le Besco, avait été placé en garde à vue en même temps que le cinéaste Jacques Doillon.

Le cinéaste Benoît Jacquot lors d’une conférence de presse pour le film
TOBIAS SCHWARZ / AFP Le cinéaste Benoît Jacquot lors d’une conférence de presse pour le film "Eva" lors de la Berlinale de février 2018, à Berlin.

JUSTICE - Il a passé 48 heures en garde à vue à la Brigade de protection des mineurs. Le réalisateur Benoît Jacquot, accusé de violences sexuelles par plusieurs femmes dont l’actrice Judith Godrèche, a été mis en examen ce mercredi 3 juillet pour viol sur deux actrices, Isild Le Besco et Julia Roy, a annoncé le parquet. Il a été placé sous contrôle judiciaire. Le cinéaste Jacques Doillon, placé lui aussi en garde à vue lundi, a été relâché « pour des raisons médicales » sans poursuites à ce stade.

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Les deux cinéastes, qui contestent les accusations, ont été entendus dans une enquête du parquet de Paris ouverte pour viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité.

L’enquête a été déclenchée par la plainte de Judith Godrèche. L’actrice de 52 ans avait accusé publiquement début février Benoît Jacquot de viols puis Jacques Doillon d’agression sexuelle, déclenchant une nouvelle tempête dans le #MeToo du cinéma français.

Benoît Jacquot et Judith Godrèche ont débuté leur relation au printemps 1986, alors qu’elle avait 14 ans et lui 39 ans. Ils ont vécu ouvertement ensemble jusqu’à leur séparation en 1992. Pour l’actrice, il s’agissait de viols dans une relation d’« emprise » et de « perversion ».

Deux autres actrices ont porté plainte contre lui. Julia Roy, 42 ans de moins que lui et qui a joué dans quatre de ses films sortis entre 2016 et 2021, a déposé plainte pour agression sexuelle dans « un contexte de violences et de contrainte morale qui a duré plusieurs années », d’après une source proche du dossier. Une partie des faits pourrait n’être pas prescrite, selon cette source.

L’actrice Isild le Besco a elle déposé plainte fin mai pour viols sur mineure de plus de 15 ans et viols, remontant aux années 1998-2007.

Son avocate dénonce « des dérives inadmissibles »

S’agissant de Jacques Doillon, Judith Godrèche l’accusait de lui « avoir mis les doigts dans la culotte » pendant des essais pour un film sorti en 1989. Elle avait alors 15 ans et était avec Benoît Jacquot. Isild Le Besco a aussi indiqué avoir dû subir les avances de Jacques Doillon pendant des séances de travail, tandis que l’actrice Anna Mouglalis a accusé le cinéaste de l’avoir embrassée de force à son domicile en 2011.

Il a vu sa garde à vue levée mardi soir « pour des raisons médicales ». Le ministère public doit encore définir « les modalités des suites à donner » le concernant.

Les avocates de Benoît Jacquot, Me Julia Minkowski, et de Jacques Doillon, Me Marie Dosé, ont dénoncé l’atteinte à la présomption d’innocence de leurs clients lors de leur audition.

Jacques Doillon « aurait dû être entendu dans le cadre d’une audition libre au vu de l’ancienneté des faits, de leur prescription acquise depuis plus de deux décennies, et de l’inéluctable classement sans suite qui clôturera cette enquête », avait souligné Me Dosé.

Me Minkowski a déploré « l’ensemble de ces dysfonctionnements de la justice, à la faveur d’une ultramédiatisation qui emporte des dérives inadmissibles ».

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