Benjamin Castaldi : "Non seulement il l'a trompée avec la plus belle femme du monde, mais en plus, le monde entier l'a su"

Ce jeudi 14 septembre au théâtre de la Madeleine, Benjamin Castaldi, qui vient de quitter l'émission TPMP, dans laquelle il officiait en tant que chroniqueur, présente "Bungalow 21". Après avoir signé le livre "Je vous ai tant aimés... Montand et Signoret, un couple dans l'Histoire", il s'attaque à une pièce, imaginée par lui et écrite par Eric-Emmanuel Schmitt. L'histoire de deux couples, celui formé par sa grand-mère, Simone Signoret, et Yves Montand, et celui de Marilyn Monroe et de l'écrivain Arthur Miller. Deux couples, et une trahison : Yves Montand finira par succomber aux charmes de Marilyn, blessant au passage deux femmes, aussi célèbres que meurtries. Pour Yahoo, Benjamin Castaldi revient sur son enfance hors du commun auprès de Simone Signoret, immense actrice qui restera pour toujours sa "mémé".

En 1970, Simone Signoret a terminé de tourner "L'Armée des ombres" (1969). La même année, le 28 mars, son petit-fils Benjamin Castaldi, l'enfant de sa fille l'actrice Catherine Allégret, naît à Boulogne-Billancourt. Il voit ce film quelques années plus tard et a une grande frayeur : "Dans ce film, elle se fait tuer. Elle joue le rôle d’une résistante, qui s'appelle Mathilde, elle se fait descendre par Lino Ventura. Moi, je pensais que ma grand-mère était morte", se souvient l'ex-chroniqueur de TPMP. On lui explique la situation : "On m'a dit 'Non, ta grand-mère n'est pas morte, elle est comédienne'." Mais pour Benjamin Castaldi, Simone Signoret, c'est "mémé". "Je passais plus de temps à faire des crêpes et des bulles de savon avec elle qu'à regarder ses films", déclare-t-il.

"Je suis passé à côté de ma grand-mère, Simone Signoret"

"S’il y avait eu mes grand-parents, j’aurais sûrement fait Sciences Po"

Ce n'est finalement qu'à la mort de sa grand-mère, en 1985, que Benjamin Castaldi réalise réellement qui était vraiment Simone Signoret. Atteinte d'un cancer du pancréas, elle subit une dernière intervention chirurgicale et décède dans sa propriété d'Autheuil-Authouillet, surnommée "Le Château Blanc", à l'âge de 64 ans. "On est venu me chercher à l'école, j’ai fait la route avec Jean-Claude Dauphin, le fils de Claude Dauphin, avec qui elle avait fait "Casque d’or". On a écouté RTL, Europe 1... On m’a raconté la vie de ma grand-mère. Je me suis dit 'T'es quand même passé à côté d’un monument du cinéma, qui a été oscarisée, césarisée, qui a eu des BAFTAs, des prix d’interprétation à Cannes, des Ours d’or…' Et puis j’ai réalisé à quel point elle avait été une femme engagée dans son temps, mais c'était trop tard, elle était morte. J'ai découvert après sa mort qui était ma grand-mère." Aujourd'hui, il regrette de ne pas avoir l'avoir questionnée davantage : "À 15 ans, j'avais envie de faire du tennis et de m’occuper des filles, je suis passé totalement à côté de ma grand-mère. On passe toujours à côté de ses grand-parents, j'ai l'impression, sauf quand ils vivent longtemps et qu'on vieillit avec eux. On ne pose pas de questions, c'est bien dommage."

D'ailleurs, selon lui, l'ancien présentateur de "Loft Story" aurait certainement eu une vie bien différente si ses grand-parents avaient vécu plus longtemps. "Mes grands-parents, c’est sûr que s’ils avaient vécu 20 ans de plus, je ne serais pas animateur TV. Et j’aurais encore moins fait "Le Loft", vous imaginez à l'époque, mes grand-parents devant le "Loft" ? Ils auraient fait une crise cardiaque. S’il y avait eu mes grand-parents, je n’aurais pas arrêté mes études, j’aurais sûrement fait Sciences Po, été journaliste, fait un truc plus intellectuel."

"Ma grand-mère, Simone Signoret, devant "Le Loft", elle aurait sûrement fait une crise cardiaque"

Cependant, Benjamin Castaldi l'affirme : "Je n’ai aucun regret d’avoir fait "Le Loft". Moi, à l’époque, je suis déjà en train de divorcer pour la première fois, il faut que je bouffe, je travaille. Je dis 'Je m’en fous, je vais le faire, votre truc.' Comme il n’y avait pas encore Internet, pas les réseaux, moi je ne sais pas ce que c’est. On me dit 'Tu vas faire une émission sociétale, on va explorer les méandres de la vie en communauté et de l'enfermement .' Tu penses, deuxième jour, les deux ont batifolé dans la piscine (il fait référence aux candidats Loana et Jean-Edouard, dont les ébats ont été filmés dans la piscine du "Loft"; ndlr), c’était terminé. Mais au départ, c’est ce qu’ils m’ont vendu".

"Je voulais ressembler à Montand"

En grandissant aux côtés de Simone Signoret, Benjamin Castaldi côtoie Yves Montand, autre géant du cinéma. "Je voulais ressembler à Montand dans la façon de vivre. (...) Il m'a fait avoir un truc génial, c’est que je suis né le c*l dans du beurre, mais je m’émerveille de tout. Encore maintenant, je suis un perpétuel enfant", reconnaît-il. Il se souvient d'un épisode en particulier, quand, à 7 ans, il visite le Concorde, avion qui, en 1976, commence à peine à être exploité. Dans cette avion, l'acteur s'apprête à décoller pour l'Amérique. "Au bout d’un moment je dis 'Je vais m'en aller, parce que l’avion va décoller.' Et là, Yves Montand me prend avec sa grosse main, il m’attrape, il me fait m'asseoir et me dit 'Allez viens, je t’emmène avec moi.' À 7 ans vous vivez ça, si vous ne faites pas un peu d’efforts, derrière la vie est triste, et elle est fade. Donc j’ai fait en sorte que ma vie ne soit pas fade et triste", résume l'ex chroniqueur.

Le compagnon de sa grand-mère lui parle crûment, sans fard : "Montand, il me parlait tout le temps de femmes. C’était d’ailleurs bizarre parce que moi j’étais quand même assez jeune, et il me parlait beaucoup de sexe. Il adorait les femmes, quand il croisait une nana, ne pas lui faire la cour, pour lui, c’était quelque part lui manquer de respect".

"Pour Marilyn, ça n'était pas une amourette"

Son amour pour les femmes a d'ailleurs manqué de lui faire perdre la plus importante de toutes. En 1960, Yves Montand trompe Simone Signoret avec Marilyn Monroe, sur le tournage du film "Le Milliardaire". Une infidélité que la grand-mère de Benjamin Castaldi a très mal vécue : "Elle a été heurtée, blessée, par son homme qui l’a trompée avec la plus belle femme du monde. En plus, non seulement il l'a trompée avec la plus belle femme du monde, mais en plus, le monde entier l'a su" explique l'ex chroniqueur. Simone Signoret pardonne malgré tout son mari, qui finira par revenir vers elle. Un épisode qu'Yves Montand a évoqué avec Benjamin Castaldi : "Je ne peux pas vous dire tout ce qu'il m'a dit sur Marilyn, si elle avait coché toutes les cases, il serait certainement resté avec elle. Donc il en manquait quelques-unes, je vous laisse deviner lesquelles..."

Le rejet d'Yves Montand a réellement été une grande déception pour la star américaine : "Pour Marilyn, je pense que ça n’a pas été une amourette, pour Montand, c’était passager. Elle lui a envoyé des dizaines de télégrammes, elle l’a harcelé au téléphone, il ne répond à rien. En tournage à Los Angeles, il rentre en France, et à l'époque il n’y a pas de vols directs Los Angeles-Paris. Donc, il y a une escale à New York. Là, il y a une alerte à la bombe. Est-ce que c’est une alerte qui a été faite par Marilyn ? L'Histoire nous le dira, ou non. (...) Elle vient le chercher en limousine, ils partent faire un tour de Manhattan où elle le supplie pendant des heures de rester (...) et il ne dit rien. Ils reviennent à l'aéroport, il va pour ouvrir la porte et elle lui dit 'mais pourquoi tu t’en vas ?' Et il lui répond : 'C’est parce que je ne t’aime pas.' Je pense que ça a fini de l’achever."

Simone Signoret a donc fait le choix du pardon : "Je pense qu'elle a eu l'intelligence d'englober tout ça dans un espèce d’élan héroïque. Elle a eu le beau rôle. Elle, c'était celle qui avait finalement pardonné à Marilyn." Après cette affaire, l'actrice française fait un choix radical : "Elle a pris une décision, c'est celle de mettre un terme à sa vie amoureuse et sexuelle à 40 ans. Cette histoire a tué "Casque d'or", la femme belle qu'elle était, et a fait naître "Madame Rosa" (le rôle que Simone Signoret interprète dans "La vie devant soi", film pour lequel elle a reçu le César de la meilleure actrice, en 1978; ndlr). Et s'il n’y a pas cet épisode-là, peut-être qu'elle n'a pas la carrière qu'elle a faite par derrière. Tout ça est lié, c'est un élément fondateur de la vie de mes grands-parents."

Interview : Alexandre Delpérier

Article : Maïlis Rey-Bethbeder

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