Benfica-OM: main ou pas main? 34 ans après, Vata et Di Meco s'expliquent sur RMC

Le souvenir reste particulièrement douloureux pour les amoureux de l’OM. Et il refait aujourd’hui surface. Le 18 avril 1990, devant 120.000 spectateurs déchaînés au stade de la Luz, Marseille prenait la porte en demi-finale de la Coupe des clubs champions européens, crucifié à la 83e minute d’un match retour décisif contre Benfica. À l’aller, les protégés de Gérard Gili, emmenés par un magnifique Enzo Francescoli, l’avaient emporté 2-1 au Vélodrome. Au retour, les voilà battus 1-0 et donc éliminés sur un geste irrégulier entré dans l’histoire du football.

Rappelez-vous : alors que le money-time se profile, Benfica obtient un corner. Valdo, le futur Parisien, s’en charge et trouve au premier poteau le Suédois Magnusson qui dévie de la tête. Au duel avec Eric Di Meco, l’Angolais Vata surgit sur la ligne des six mètres et propulse le ballon aux fond des filets marseillais. A la télévision, les ralentis tombent : Vata n’a pas marqué de la tête mais bien du bras droit. Trop tard, l’arbitre a accordé le but, 1-0 pour Benfica. Quatre ans après la "main de Dieu", l’OM se fait sortir par ce qui devient la "main du Diable". Trois décennies se sont écoulées depuis les événements de Lisbonne.

Et avant les retrouvailles entre Benfica et Marseille ce jeudi en quart de finale aller de la Ligue Europa (match retour le 18 avril au Vélodrome), RMC a décidé de marquer le coup. Ce lundi, Vata était ainsi l’invité exceptionnel de Rothen s’enflamme. Pour un entretien tout aussi mémorable avec Eric Di Meco à (ré)écouter dans nos podcasts. D’entrée, Vata s’est montré catégorique. Pas question pour lui de reconnaître une quelconque main. "Non. Il (Di Meco) était collé à moi. Quand le ballon est venu, je n’ai pas eu le temps de penser. Di Meco était avec moi. Moi j’ai appris à l’école qu’il y a la main, l’épaule et la poitrine. Je n’ai pas marqué de la main. Si c'était la main, le ballon n’aurait pas pu avoir cette vitesse. Si c'était avec la main, pourquoi mentir ?", a-t-il dit.

Vata nie toujours la main et rend hommage à Di Meco

Réponse de notre consultant : "Cette main est entrée dans la légende du foot. Pour nous c'est comme la main de Maradona. Un traumatisme. La C1 est tellement difficile à gagner qu'il faut souffrir pour y arriver. J'étais au marquage. En réalité on n'est pas nombreux à l'avoir vue. Vata il est aussi international angolais de handball ! Pas de souci pour dire que je fais une erreur de marquage. Je m’en veux. Je le tiens et je joue mal le coup. Mais les images sont terribles ! Je reste persuadé que dans ton subconscient, quand tu as fait ça, tu ne veux pas te l'avouer. Mais ce n’est pas si grave." Vata, qui a reçu à l’époque "beaucoup de menaces", assure avoir "la conscience tranquille".

"Mon père m'a dit : ‘tu peux mentir à tout le monde, mais tu ne peux pas mentir à ta conscience.’ J'ai toujours cherché à avoir ma conscience tranquille. Je suis tranquille avec ma conscience. Je sais ce que j’ai fait", a-t-il confié en toute franchise sur RMC. Il n’empêche, cet épisode a été vécu comme une immense injustice dans les rangs marseillais. Il avait d’ailleurs inspiré cette célèbre tirade à Bernard Tapie : "J’ai compris comment il fallait faire pour gagner une Coupe d’Europe." Là encore, Vata n’est pas du genre rancunier : "Je l’admirais beaucoup. (…) Personne n’est content quand il perd. (…) Tout ce qui s'est passé a mené l'OM à être champion d'Europe."

De quoi enterrer la hache de guerre ? "Il n'y a pas de réconciliation, je n'ai jamais été fâché avec Vata !", a souri Di Meco, qui a eu droit à un bel hommage de Vata pour conclure cette interview exceptionnelle : "Eric tu es un bon homme, un bon joueur que j'admire beaucoup. C'est un grand plaisir. C’est la première fois que je te parle. Je te considère toujours comme un des meilleurs défenseurs."

Article original publié sur RMC Sport