Benalla : un lieutenant-colonel à l'expertise peu évidente

Emmanuel Macron et Alexandre Benalla, à Paris le 20 juin 2017.

Le brigadier avait été promu «spécialiste expert pour apporter un éclairage particulier sur la fonction de protection», un statut qui ne l'autorisait en rien à participer à des opérations sur le terrain.

La promotion la plus rapide de l'armée française. Même les grognards de la grande armée de Napoléon n'en rêvaient tant. La geste impériale raconte qu'ils avaient tous leur bâton de maréchal d'Empire dans leur giberne, prêts à le sortir pour se voir récompenser d'un haut fait d'armes. Le brigadier Benalla – le grade de base chez les gendarmes –, engagé dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie en 2009 et radié à sa demande en 2017, s'est vu promu lieutenant-colonel au titre de «spécialiste expert pour apporter un éclairage particulier sur la fonction de protection». Un passage de grade qui laisse les pandores pantois.

Compétences hors norme

Ces «experts» ne sont rattachés à la réserve opérationnelle que le temps de la mission qui leur est confiée et uniquement pour la spécialité qui est la leur. Ce sont généralement des spécialistes de très haut niveau (traducteurs, ingénieurs, avocats, etc.) dont l'armée ne pourrait s'adjoindre les compétences pour des raisons purement financières. Ces réservistes experts ne sont en rien habilités à participer à des opérations sur le terrain ni à donner des ordres à des gendarmes qui n'entrent pas dans le champ de compétences définies par leurs qualités professionnelles. Benalla a ainsi été recruté comme expert «en sécurité des installations». Mais sous les képis, on se demande vraiment quelles étaient les compétences hors norme de ce gros bras, un monsieur sécurité rapprochée sans formation particulière de «garde du corps», pour se voir reconnaître «expert» et gratifié de cinq barrettes ? A part sa proximité avec le chef de l'Etat, on ne voit pas.



Retrouvez cet article sur Liberation.fr

Affaire Benalla: Mélenchon et Hamon demandent l’audition de Macron
Sous pression, l’Elysée cherche une sortie à l’affaire Benalla
Aurélie Filippetti, le cœur a ses raisons
L’affaire Benalla se rapproche de Macron
Le préfet de police avait estimé que le cas Benalla avait été «traité» par le cabinet de l'Elysée