En Belgique, ces lapins de Pâques étaient à la MDMA et pas au chocolat

Un douannier belge utilise un scanner pour contrôler ce faux lapin de Pâques, à l’aéroport de Bruxelles, le 6 avril 2023
Un douannier belge utilise un scanner pour contrôler ce faux lapin de Pâques, à l’aéroport de Bruxelles, le 6 avril 2023

DROGUE - Les lapins belges seront un régal pour les enfants du monde entier ce week-end de Pâques, mais tous ne sont pas moulés avec le célèbre chocolat praliné du pays. Un lot saisi cette semaine à l’aéroport international de Bruxelles a été fabriqué à partir d’un bloc de MDMA destiné à être converti en pilules d’ecstasy, une drogue utilisée durant les raves (fêtes techno), a expliqué à l’AFP Pol Meuleneire, 61 ans, un vétéran des douanes belges.

Considérée comme une porte d’entrée en Europe, de la cocaïne fabriquée en Amérique Latine, la Belgique est aussi devenue une plaque tournante pour les drogues synthétiques fabriquées en Europe et expédiées dans le monde entier par voie postale.

Pol Meuleneire, qui doit prendre sa retraite dans quelques mois, a raconté combien les temps ont changé par rapport à son début de carrière. À l’époque, trouver seulement 10 grammes de cannabis dans une enveloppe suffisait à susciter l’excitation des douaniers. Aujourd’hui, son espace de travail, dans un immeuble de bureaux de la zone de fret de l’aéroport de Bruxelles, déborde de colis suspects, de sacs et de pots remplis de pilules et de poudres illégales.

Les « lapins de Pâques » à destination de Hong Kong

« Cela circule partout dans le monde. Aujourd’hui, les gens peuvent commander en ligne sur le dark web en quelques clics et faire livrer à leur domicile », souligne Florence Angelici, porte-parole du service public fédéral des finances du royaume. « En 2022, nous avons saisi près de six tonnes de drogues à l’aéroport », indique-t-elle.

Les faux lapins en chocolat interceptés au terminal de fret de l’aéroport de Bruxelles avaient été emballés et postés en Belgique dans un colis à destination de Hong Kong. Pol Meuleneire a pressé son scanner portable, un spectroscope Raman, qui peut identifier les substances par leur empreinte chimique, contre la base d’un lapin couleur chocolat. L’écran a clignoté en vert et l’analyse était claire : la mention « Attention, MDMA (ecstasy) » est apparue.

Un douanier belge ouvre un flacon contenant des pilules d’ecstasy alors qu’il contrôle des colis à l’aéroport de Bruxelles
Un douanier belge ouvre un flacon contenant des pilules d’ecstasy alors qu’il contrôle des colis à l’aéroport de Bruxelles

Durant la visite des journalistes de l’AFP, Pol Meuleneire a découvert plusieurs autres produits illicites dans des colis reçus la semaine dernière, qu’il a ouverts avec son cutter. Une boîte de repas de la marque « Peppa Pig » destinée à la Nouvelle-Zélande semblait normale à première vue, mais son emballage était trop lourd pour n’être que du carton et du plastique. Il était fourré de kétamine, un anesthésique utilisé comme drogue récréative.

Cette substance est l’une des exportations illégales le plus souvent découvertes au centre postal de l’aéroport.

Anvers, port d’entrée de la drogue en Europe

Mais les douaniers trouvent de tout. Dans une boîte de « petit chimiste » pour enfants, contenait un sac de méthamphétamine en cristaux, un stimulant synthétique illégal et addictif. La cocaïne est dissimulée dans des paquets de plastique entre deux couches d’emballage en carton, ce qui alourdit le colis et le rend suspect pour un douanier expérimenté.

Anvers, au Nord de la Belgique est le principal port d’entrée en Europe pour la cocaïne d’Amérique latine. Une partie est réexportée par la poste vers des pays comme l’Australie, où elle se vend plus cher. Les gangs du Venezuela qui exportent des stupéfiants vers l’Europe importent à leur tour de Belgique des drogues synthétiques, comme la méthamphétamine en cristaux. Elles sont fabriquées dans des laboratoires aux Pays-Bas et en Belgique, expliquent les douaniers belges.

La kétamine, la MDMA et la méthamphétamine sont dissimulées dans des objets du quotidien ou dans des pots étiquetés comme suppléments vitaminés puis expédiés depuis des bureaux de poste ordinaires situés en Belgique, en France ou en Allemagne. Florence Angelelici explique que « Les passeurs utilisent des mules pour transporter les colis et les envoyer par la poste dans le monde ».

À l’aéroport de Bruxelles, une plateforme informatisée sélectionne les colis en fonction des caractéristiques suspectes connues et les douaniers se mettent au travail pour les scanner et, dans certains cas, les ouvrir. Parmi les découvertes les plus surprenantes, Pol Meuleneire montre des portraits du Christ dont les encadrements étaient bourrés de drogues, des ours en peluche pleins de pilules et des pipes en cuivre remplies de tranquillisants vétérinaires.

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