Belgique : face aux inondations, “il faut abattre les digues, pas les rehausser”

En Flandre orientale, comme dans les départements contigus du Nord et du Pas-de-Calais, de l’autre côté de la frontière franco-belge, des précipitations intenses ont provoqué d’importantes inondations depuis le début du mois. Pompage des eaux, élévation des digues, évacuations préventives : alors que la situation se stabilise, ce 17 novembre, de nouvelles crues sont possibles. En Belgique, la presse se demande comment se prémunir de nouveaux dégâts, sachant qu’à la faveur du changement climatique ces épisodes sont appelés à se répéter.

Le journal De Standaard donne la parole à l’hydrologue Patrick Willems (Université catholique de Louvain, KUL), mettant une de ses citations en titre de une : “Il faut abattre les digues, pas les rehausser.”

Devant l’urgence, il est naturel de réagir en appelant à “augmenter les capacités de pompage et à rehausser les digues”, reconnaît le spécialiste. “Mais ce ne sont pas des solutions durables.”

Vulnérables à deux égards

Comme il l’explique au quotidien flamand de référence, “traditionnellement, la Flandre était une région dotée de beaucoup de zones humides, qui jouent un rôle important comme éponges. Mais, longtemps, cela n’a pas été reconnu : on considérait ces territoires comme inutiles car on ne pouvait pas y déployer d’activités humaines.”

Canaux, digues : ces terrains ont été drainés afin de conduire l’eau au plus vite vers la mer. “Ce faisant, nous avons perdu énormément de capacité de retenue d’eau, ce qui nous a rendus vulnérables à deux égards : dans les périodes sèches, tout s’assèche désormais rapidement. Et dans les périodes où il pleut abondamment, comme actuellement, l’eau s’accumule tellement vite dans les points les plus bas que ceux-ci sont complètement inondés.”

Ce qu’il faut faire, selon l’hydrologue, c’est augmenter la capacité de retenue d’eau en amont, et prévoir des zones qui peuvent être inondées en aval, notamment en déplaçant des zones agricoles. Certes, cela coûtera de l’argent, admet-il, mais les conséquences des inondations, comme celles qui ont frappé le pays en 2021, ne sont pas moindres. Et si ce réaménagement “prendra des années, sans doute des dizaines d’années” et nécessitera “du courage politique”, il est indispensable, car “il n’y a pas d’autre solution durable”.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :