Belgique: des écoles incendiées par des opposants à un cours d'éducation sexuelle

L'éducation à la sexualité suscite une polémique en Belgique francophone. La justice belge a ouvert ce mercredi une enquête pour "incendies criminels", après des départs de feu constatés dans la nuit dans quatre écoles prises pour cibles par des opposants à un cours d'éducation sexuelle.

Les faits se sont produits à Charleroi (sud du pays). Dans les quatre écoles, de niveau maternel et primaire, ont été découvertes des inscriptions hostiles à ce programme scolaire tout juste officiellement adopté par décret, a précisé Vincent Fiasse, procureur de la ville, qui pilote l'enquête.

"No Evras", mentionnaient des inscriptions en noir sur plusieurs murs, d'après des images des télévisions belges. Un sigle qui fait référence à "l'Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle", un cours de deux heures par an, pour deux classes d'âge, destiné à répondre aux questions des élèves sur ces sujets sensibles.

"Rassurer les élèves sur des questions qu'ils se posent"

Le cours "Evras", présenté par Caroline Désir comme "une animation" par des intervenants extérieurs agréés, concerne les élèves du sixième niveau de primaire (11-12 ans) et ceux du quatrième niveau de secondaire (15-16 ans).

Obligatoire depuis 2012 il n'était jusque-là pas systématiquement assuré faute de moyens.

Son but est de "rassurer les élèves sur des questions qu'ils se posent à la puberté" et de les "protéger de situations potentiellement dangereuses ou problématiques", a insisté la ministre citant "sexisme, violences sexuelles, stéréotypes de genres".

Fronde de certains parents

Mais depuis la rentrée scolaire, le programme suscite une fronde sur les réseaux sociaux et des appels à manifester provenant de milieux ultra-conservateurs, notamment d'associations islamiques et de Civitas (catholiques intégristes).

Caroline Désir, la ministre francophone de l'Éducation, a dénoncé "une campagne de désinformation" destinée selon elle à "attiser la suspicion" et "faire peur aux parents".

"On ne va évidemment pas encourager une hyper-sexualisation chez les jeunes, ni susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre. J'ai lu qu'on allait 'apprendre aux enfants à se masturber', c'est complètement inadmissible de faire peur aux parents sur ce sujet", a déclaré Caroline Désir la semaine dernière à la radio La Première (RTBF).

Son cabinet a refusé de commenter les actes de vandalisme à Charleroi. Mais le bourgmestre Paul Magnette, qui est aussi président du Parti socialiste francophone, a fustigé "une forme de terrorisme", "des actes barbares", et promis que la police ferait "le maximum pour retrouver le ou les auteurs de cette infamie".

Sur le réseau X (anciennement Twitter) il a évoqué quatre "tentatives d'incendie volontaire", saluant l'intervention rapide des pompiers qui a permis de limiter les dégâts.

Article original publié sur BFMTV.com