"Beaucoup de légèreté": les syndicats de l'Education critiquent le "protocole Ibiza" de Blanquer

Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education. Image d'illustration. - AFP
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education. Image d'illustration. - AFP

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Les ennuis s'accumulent pour Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l'Education nationale se trouvait en vacances à Ibiza début janvier lorsqu'il a dévoilé le nouveau et controversé protocole sanitaire pour les écoles, à la veille de la rentrée scolaire, selon les informations de Mediapart confirmées par BFMTV.

Déjà fragilisé par l'annonce du nouveau protocole en tant que telle, le ministre est à présent vertement critiqué par les syndicats de l'Education nationale pour ces nouveaux développements, perçus par d'aucuns comme un gage de désinvolture.

"Tout un symbole"

Sur BFMTV ce mardi matin, la secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay, a fait montre de "beaucoup d'agacement".

"Ce qu'on voit là, c'est que le ministre a traité cette rentrée avec beaucoup de légèreté. Bien sûr qu'il a le droit de prendre des vacances, bien évidemment, mais la question c'est la façon dont se prépare la rentrée, on a beaucoup entendu Jean-Michel Blanquer dire qu'il était au plus près des réalités", a-t-elle dénoncé.

"Manifestement on a pas la même définition du mot réalité parce que lui était à plusieurs milliers de kilomètres pendant que nous, je le rappelle, en tant qu'enseignants, on était en train de s'arracher les cheveux pour savoir comment allait se préparer la rentrée", a fustigé la représentante syndicale, estimant que cela symbolisait "très bien la façon dont il a géré la crise sanitaire depuis le début", a poursuivi Sophie Vénétitay.

"C'est ça, 'être au plus près des réalités de terrain'? Tout un symbole... Comme un aveu, un de plus, de légèreté et de désinvolture. Quel mépris pour l'ensemble de la communauté éducative!" s'était déjà insurgé le SNES-FSU via son compte Twitter.

"Le #ProtocoleTousInfectés était en fait le #ProtocoleIbiza"

"Faire face à la vague Omicron? Pas de soucis pour Jean-Michel Blanquer. (...) Le #ProtocoleTousInfectés était en fait le #ProtocoleIbiza", a pour sa part tweeté le SNUipp-FSU.

"Annoncer le protocole la veille de la rentrée dans un journal payant depuis Ibiza... mais quel courage. C'est vrai ça les collègues vous devriez être reconnaissants", a quant à elle ironisé Guislaine David, porte-parole du syndicat.

"Ça ne fait pas sérieux au vu de la gravité de la situation"

"Heureusement que notre ministre se donne à fond pour nous aider à surmonter le Blue Monday", a quant à lui raillé Jean-Rémi Girard, président du SNALC, là aussi sur Twitter. "Ça ne fait pas sérieux au vu de la gravité de la situation", a-t-il ajouté auprès de l'Agence France-Presse (AFP).

"Cette révélation est l'illustration de la distance et du décalage du ministre avec la réalité sanitaire", a estimé auprès de l'AFP Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa.

Pour Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, cette révélation "donne l'impression que le ministre n'avait pas pris la mesure des enjeux de l'impact de la situation sanitaire sur le fonctionnement du système éducatif et sur le travail des personnels".

SUD appelle à la démission du ministre

"Aujourd'hui, le ministre ajoute l'indignité à l'incompétence. SUD Education renouvelle donc son exigence: le ministre Blanquer doit quitter sans délai ses fonctions", a exhorté ce mardi le syndicat dans un communiqué, mentionnant également dans un tweet l'appel à la grève du 20 janvier au sein de l'Education nationale.

Du côté de la CGT Educ'action, le ton se voulait moqueur lundi soir, en détournant l'image d'un DJ aux platines avec le visage du ministre de l'Education nationale.

"L'école est aux abois. Et pendant ce temps-là, à Ibiza, D.J. Jean-Mi gère les platines", tance le syndicat.

Outre les organisations syndicales de l'Education nationale, les réactions aux révélations de Mediapart ont également été très vives parmi les personnalités politiques. Le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot ainsi que les députées La France insoumise (LFI) Clémentine Autain et Mathilde Panot ont notamment réclamé la démission du ministre.

Lundi, avant la publication de l'article de Mediapart, plusieurs syndicats, parmi lesquels FSU, CGT Educ'action, FO et SUD Education, avaient lancé un appel à une nouvelle journée de grève jeudi dans les écoles, collèges et lycées après le mouvement de jeudi dernier. Un appel pour demander des "réponses fortes" face à la crise sanitaire, ainsi que davantage de moyens pour l'Education nationale.

Article original publié sur BFMTV.com