Basket: Zaccharie Risacher, le Français qui pourrait enflammer la prochaine draft NBA après Wembanyama

Basket: Zaccharie Risacher, le Français qui pourrait enflammer la prochaine draft NBA après Wembanyama

Les Américains ont voulu nous refaire le coup. Plusieurs mois après le match des Metropolitans 92 de Victor Wembanyama à Las Vegas face à la G-League Ignite, une équipe composée de jeunes prometteurs, l’expérience a failli être réitérée. Cette fois, c’est Bourg-en-Bresse qui a reçu une invitation pour disputer cette rencontre de gala, organisée dans le but de permettre à un jeune homme de 18 ans de montrer tout son talent à la planète basket. Mais le projet, prévu en septembre, est tombé à l’eau pour une raison bien plus terre à terre.

"Il passera une partie de son bac à ce moment-là, sourit Stéphane Risacher, vice-champion olympique de basket avec l’équipe de France en 2000 et papa de Zaccharie, le fameux jeune homme en question. Ça fait partie des obligations dans le parcours d’un garçon de son âge… et il n’y a pas de session spéciale pour le bac à Las Vegas !"

En octobre dernier, Wembanyama et Boulogne-Levallois ont fait le déplacement aux Etats-Unis en pleine saison de Betclic Elite. Mais contrairement au club des Hauts-de-Seine, qui n’avait que le championnat de France à disputer, Bourg-en-Bresse est engagé en Eurocup (C2) et aura un calendrier bien plus dense à la rentrée. Une fenêtre de tir existait avant le début de la Betclic Élite, mais c’est donc à cette période que Zaccharie Risacher, contraint de repousser une partie de ses épreuves pour participer à la Coupe du monde U19 avec les Bleus (24 juin-2 juillet), doit rattraper le temps perdu.

"Le prototype d'un joueur de très très haut niveau"

L’ailier de 18 ans a un programme particulièrement chargé. Et ça ne risque pas de s’arranger dans les mois à venir. À peine arrivé à Bourg-en-Bresse après avoir fait ses premiers pas professionnels à l’ASVEL, Zaccharie Risacher est annoncé très haut dans les prévisions de la prochaine draft NBA. Un peu plus d’une semaine après la sélection de Wembanyama en première place, les principaux médias américains l'imaginent dans le top 5 en 2024, au coude à coude avec le phénomène lituanien Matas Buzelis et loin devant Bronny James, le fils de LeBron.

"Zaccharie est un joueur complet, qui peut passer, shooter, driver. C’est un joueur qui remplit toutes les lignes statistiques offensivement et qui donne de la confiance à ses coéquipiers en jouant toujours juste et sans trop forcer", énumère Bernard Faure, sélectionneur de l’équipe de France U17. "Il brille par sa polyvalence. Mais ce qui m’a toujours marqué, c’est sa facilité à jouer, une espèce de nonchalance où on avait l’impression qu’il suffisait qu’il appuie sur un bouton pour faire la différence. A tout moment, il était capable de nous sortir quelque chose", renchérit Yoann Valla, coach de Risacher lors de son passage en U15 France à LyonSO.

Ailier longiligne de 2,03m, doté d’une grande envergure et de bras interminables, il a le profil parfait pour faire saliver tous les scouts NBA. "C’est le prototype, au niveau physique et athlétique, d’un joueur de très, très haut niveau", résume Frédéric Fauthoux, coach de Bourg-en-Bresse, qui retrouve Zaccharie Risacher dans l’Ain après l’avoir déjà croisé lorsqu’il était assistant de T.J. Parker à Lyon-Villeurbanne.

Plus jeune Français titulaire lors d'un match d'Euroligue

Après avoir intégré le centre de formation de l’ASVEL et peu à peu mis les pieds dans l’effectif professionnel, Zaccharie Risacher est devenu, en février 2022, le plus jeune joueur français à être titulaire lors d’un match d’Euroligue (16 ans et 10 mois). Dans l’ombre de Wembanyama lors de la saison 2021-2022 avant le départ du nouveau joueur des San Antonio Spurs à Boulogne-Levallois, l’ailier a ensuite été mis au centre du projet de formation du club rhodanien. En avril dernier, Tony Parker a même assuré qu’il comptait construire l’effectif 2023-2024 autour de lui, Nando De Colo et Joffrey Lauvergne. "La saison prochaine, le plus important, c’est Zaccharie Risacher. Il sera au cœur de notre stratégie, clame alors le président de l’ASVEL dans les colonnes du Progrès. Il est projeté Top 3 à la draft. Pourquoi ne serait-il pas numéro 1 ? Il a tout le talent du monde et nous allons vraiment le pousser."

Quelques semaines après cette sortie très controversée, Risacher annonce son envie de quitter l’ASVEL. Peu satisfait par sa collaboration avec T.J. Parker, selon les informations de BeBasket, il décide de choisir un autre tremplin vers la draft NBA et son prêt à Bourg-en-Bresse est officialisé mi-juin. Dans l’effectif du dernier demi-finaliste de Betclic Elite (défaite face à Monaco), il va pouvoir évoluer au sein d’une équipe compétitive et prête à lui donner du temps de jeu. L’occasion pour lui de poursuivre son évolution et de prendre plus de responsabilités, l’un des aspects qui, selon ceux qui l’ont côtoyé de près, lui fait encore défaut.

"Il faut qu'on essaye de le rendre plus tueur, plus agressif, plus entreprenant… Ne pas toujours être un bon garçon !" Frédéric Fauthoux

"C’est un joueur très à l’écoute, qui comprend vite les choses et qui a un vrai QI basket. Il s’adapte systématiquement à ce que lui demande son coach. C’est à la fois une qualité et un défaut, dans le sens où il a parfois encore du mal à prendre quelques responsabilités, confie Bernard Faure. Je pense que ça s’explique par la saison avec l'ASVEL, où il était en bout de chaîne en attaque et utilisé pour son adresse. Sa marge de progression, c’est de devenir plus dur, plus tueur, qu'il s'impose davantage. C’est un joueur qui est presque trop altruiste."

Trop timide ?

Frédéric Fauthoux, de son côté, a déjà identifié cet axe de travail: "Ce sera tout de suite un vrai objectif de le pousser à prendre des responsabilités. Si on veut devenir un grand joueur, il faut savoir prendre ses responsabilités sur le terrain. Il faut qu'on essaye de le rendre plus tueur, plus agressif, plus entreprenant… Ne pas toujours être un bon garçon !"

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Yoann Valla, qui l’a eu sous ses ordres lorsque le principal intéressé était en plein cœur de l’adolescence, confirme ce trait de caractère: "C’est un joueur assez introverti, assez timide, que ce soit dans sa prise de parole ou dans ses prises de responsabilités. Il va falloir qu’il s’affirme au niveau du caractère, surtout aux Etats-Unis, où il y a tellement de joueurs qui veulent s’en sortir, estime le coach des U15 de LyonSO. Mais ça va aussi avec le temps de jeu et la confiance qu’on peut lui donner. Je ne suis pas sûr qu’il ait eu toute la possibilité de s'exprimer avec l’équipe première de l’ASVEL."

Stéphane Risacher, lui, n’est absolument pas inquiet sur la capacité de son fils à progresser sur cet aspect. "On aimerait que les jeunes joueurs sachent tout faire, balaye l’ancien joueur de l’équipe de France. On s’imagine que les jeunes sont des produits finis dès l’âge de 15 ans. Moi, j’ai appris des trucs sur un terrain de basket jusqu’à ma retraite à 38 ans. J’ai évolué jusqu’au jour où j’ai raccroché les baskets."

Une toute nouvelle dimension

Wembanyama, premier Tricolore sélectionné en première position de la draft, a fait tomber toutes les barrières. Et forcément aiguisé les appétits des fans français, qui s’imaginent volontiers revivre l’ivresse d’une soirée avec un de leur représentant tout en haut de la draft dans un an. À ce titre, l’engouement autour de Zaccharie Risacher est une aubaine, tant l’évolution de l’ailier de Bourg-en-Bresse dans les différentes mock drafts (les classements prévisionnels établis par les médias américains) va être un feuilleton tout au long de la saison prochaine.

"J’espère que ça ne va pas le perturber, s’inquiète cependant Bernard Faure. Zaccharie a besoin d’une stabilité autour de lui et pas qu’on parle de lui autant que ça, c’est en tout cas ce que je ressens. Oui, Zaccharie est programmé pour être un joueur de très haut niveau, mais il ne faut pas lui mettre trop de pression." Dans une moindre mesure que Victor Wembanyama, l’ancien joueur des Mets 92 étant le prospect le plus attendu depuis LeBron James, Zaccharie Risacher va tout de même devoir s’habituer à sa nouvelle dimension.

"Peur que ça soit trop ? Non, on sait faire la part des choses dans la famille. On parle basket tout le temps depuis très longtemps, peut-être que ça aide pour savoir comment gérer des situations comme ça" Stéphane Risacher

"Cette année, on a vu que Victor était conditionné et prêt à gérer toute cette situation. Zaccharie a la tête sur les épaules, mais on sait qu’il va y avoir des échéances et des moments dans l’année où toute la NBA va se déplacer pour venir le voir jouer. Personne ne pourra être à sa place sur le terrain, ce sera à lui de montrer de quoi il est capable, lance Frédéric Fauthoux. La comparaison avec Wembanyama est flatteuse mais elle est intéressante car elle va faire parler de lui. Ce qui est sûr, c’est que c’est très bien pour le basket français. Ça va encore faire parler de nous, de la formation et des talents qui existent dans notre pays", positive le coach de Bourg-en-Bresse.

Si Zaccharie Risacher continue à progresser et confirme les attentes placées en lui, l’engouement autour de lui va continuer de grandir au fil des mois. "Si j’ai peur que ça soit trop ? Non, on sait faire la part des choses dans la famille, tient à rassurer le papa, dont les 22 ans de carrière professionnelle aident à prendre du recul sur la situation. Il a un regard assez sain vis à vis de tout ça. Ca peut monter à la tête d’adolescents ou de jeunes hommes, mais jusque-là il gère bien. On parle basket tout le temps depuis très longtemps, peut-être que ça aide pour savoir comment gérer des situations comme ça. Depuis toujours, il sait qu’on rentre sur un terrain pour tout le temps faire de son mieux." Reste à savoir jusqu’où cette philosophie mènera le fiston.

Article original publié sur RMC Sport