"Les bas noirs des filles", la chronique de Teresa Cremisi

Le hasard certainement, mais nous vivons un automne culturel où l'on reparle bordels et prostitution, ça ne nous était pas arrivé depuis longtemps. Le livre d'une jeune femme, qui raconte ses deux années et demie dans une maison close de Berlin (Emma Becker, La Maison, Flammarion), suscite attention littéraire et sentiments mêlés ; deux expositions majeures à Paris, l'une consacrée à Degas et aux danseuses de l'Opéra, l'autre à l'œuvre de Toulouse-Lautrec, impressionnent par leur richesse et beauté. Le sujet revient, envahissant, avec des comptes rendus de livres et d'expositions explorant cet univers.

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Les adjectifs se retrouvent dans les articles pour évoquer ce monde avec étonnement, pudeur, écœurement, fatalisme. "Ni angélisme ni leçons de morale", dit Frédéric Beigbeder dans sa critique du livre d'Emma Becker qui, en racontant "avec tendresse pour les femmes et pitié pour les hommes", ne cache pas la misère, la violence, les dangers, la tristesse de la vie des prostituées, mais "évite tous les pièges de la culpabilité à l'obscénité".

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Des grands tableaux de la fin se dégage une vision grimaçante et oppressante du 19e

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Et l'on pourrait dire la même chose des deux grands maîtres de la peinture française. Avec des tonalités différentes pour chacun. Degas est plus ambigu et glaçant dans sa description des petits rats en tulle blanc et chaussons roses. Dans les coulisses, presque omniprésentes les silhouettes des ...


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