Baroin, le perdant utile de la démocratie

Il lui revient la lourde tâche de guider sa famille politique dans la bataille législative. A la décharge de François Baroin, l’exercice est compliqué. Avec ce gouvernement qui penche clairement à droite, avec ces cabinets ministériels peuplés de conseillers de l’ère Sarkozy, les vieux slogans de cette campagne présidentielle sont inutilisables. Sauf à prendre les électeurs LR pour des imbéciles, il devient difficile de prétendre que Macron serait «le clone de Hollande» et «la bouée de sauvetage des socialistes».

Ce samedi, devant des militants démoralisés, Baroin a servi, en désespoir de cause, un ultime argument de campagne. «Imaginez», leur a-t-il lancé, «que tous les Républicains aient rejoint En marche dès le lendemain de la présidentielle». A ce raisonnement par l’absurde, Baroin donne cette conclusion : si toute la droite avait suivi Edouard Philippe, «beaucoup de Français en concluraient que la seule alternative se situe désormais aux extrêmes. Notre démocratie en sortirait-elle renforcée ? Sûrement pas». Imparable ! Baroin explique donc, en substance, qu’il fallait bien qu’une partie de la droite républicaine s’oppose à l’entreprise de démolition du paysage politique lancé par Macron. Il se dévoue donc, en quelque sorte, pour jouer le perdant utile de la démocratie. A défaut d’être enthousiasmant, cet argument est assez convaincant.

Nettement plus, en tout cas, que celui qui consiste à prétendre que la droite devrait s’opposer à Macron pour défendre «son projet». Car de quel projet s’agit-il ? De la défense du pouvoir d’achat et des baisses d’impôt, promises depuis deux semaines ? Ou des réformes «courageuses» et des efforts nécessaires au «redressement national» défendu jusqu’au 23 avril dernier ? Ce changement de priorité radical n’aura pas échappé aux électeurs qui seront fondés, là encore, à se demander s’ils sont pris au sérieux. Autant leur dire franchement les choses : s’il faut voter LR, c’est que tout le monde ne peut pas être En marche.



Retrouvez cet article sur Liberation.fr

Michel Field, prévisible fusible
Voter la confiance au gouvernement? «Il ne faut rien s’interdire», estime Raffarin
Laurent (PCF) espère «une vingtaine de députés» à l’Assemblée
Macron-Poutine, Trump en Israël, Hanouna... : le point sur l'actu de ce lundi
Menacé de déroute électorale, le PS promet de se refonder