"Le barbecue, symbole de virilité" : Sandrine Rousseau lance le débat au sein de la classe politique

Sandrine Rousseau à Paris le 22 juin 2022 - Julien de Rosa

La députée de Paris Sandrine Rousseau a estimé ce samedi qu'un "changement de mentalité" était nécessaire "pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité". Une réflexion que la droite accueille avec un mélange de goguenardise et de colère tandis que la gauche étaye les propos de la parlementaire.

La remarque peut surprendre mais elle résonne comme la rencontre du politique et de la sociologie, voire de la sémiologie - ces disciplines universitaires qui visent notamment à interroger des pratiques anodines pour en extraire la signification collective. Samedi, lors d'une table ronde organisée à l'occasion des Universités d'été de sa formation politique à Grenoble, la députée Europe Écologie - Les Verts, Sandrine Rousseau, a lâché une observation qui a rapidement fait son chemin sur Twitter :

La droite fustige un "délire"

Le député des Alpes-Maritimes et candidat à la présidence des Républicains Éric Ciotti s'est ainsi étranglé dimanche sur Twitter :

Il a été épaulé par sa consoeur, émargeant pour sa part au Parlement européen, Nadine Morano, qui s'en est elle aussi prise aux "délires de Rousseau", au moment de commenter un article évoquant le nouveau livre de la députée parisienne.

Florian Philippot, fondateur des Patriotes, a quant à lui jugé le débat dérisoire : "On a à la tête du pays un fou furieux qui veut nous couper le chauffage cet hiver et nous entraîner dans une guerre, mais non on débat…de viande au barbecue !"

D'autres, au contraire, ont pris des accents dramatiques. Comme l'intellectuelle, essayiste et journaliste du Figaro, Eugénie Bastié : "Il ne reste en effet peut être plus que le barbecue comme petit rituel résiduel d’une virilité impitoyablement pulvérisée partout dans la culture, et même ça elles veulent leur enlever".

Un nouveau clivage

Sandrine Rousseau serait-elle une promeneuse solitaire, isolée dans ses rêveries ? Non, l'écologiste a pu compter sur le soutien de la gauche. Ainsi, sur notre plateau ce lundi, la députée insoumise élue en Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain a repris la réflexion. "La sociologie nous explique qu’il y a une différence très forte entre les sexes" dans le rapport à la viande, a-t-elle fait valoir, avant d'ajouter :

"Les femmes mangent deux fois moins de viande rouge que les hommes. Les personnes décidant de devenir vegan ou végétariens sont majoritairement des femmes".

Deux dernières observations tirées du travail de la journaliste et autrice de Steaksisme, Nora Bouazzouni, qui a elle-même réagi sur les réseaux sociaux:

Une sortie "dictatoriale" pour le RN

Sur notre plateau ce lundi, Xavier Iacovelli, sénateur de la majorité dans les Hauts-de-Seine, a lui considéré que la sortie de la femme politique était contreproductive.

"Je ne pense pas que le barbecue soit un symbole de virilité. C’est un sujet qui n’a pas lieu d’être. Pour un parti politique qui prône à l’égalité entre les femmes et les hommes, stigmatiser le fait que le barbecue soit forcément masculin ce n’est pas à la hauteur du débat politique."

En face de lui, Aleksandar Nikolic, président du groupe RN au Conseil régional de Centre-Val de Loire, a lancé : "Avoir cette vision politique est inquiétant. L’écologie est un sujet essentiel (…) ça devrait être son sujet plutôt que de faire la police du foyer et de la manière dont les couples s’organisent", a-t-il initié.

"Je trouve ça à la fois dangereux, dictatorial et malsain même si ça prête au sourire. Heureusement qu’elle n’est pas au pouvoir", a-t-il achevé.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Clémentine Autain (LFI) : "Il y a une différence des sexes dans la façon dont nous consommons de la viande"