Barack Obama dévoile son projet de contrôle des armes

Barack Obama et sa ministre de la Justice, Loretta Lynch. Le président américain a plaidé lundi en faveur d'un contrôle renforcé des armes à feu et annoncé qu'il utiliserait son pouvoir réglementaire pour faire passer ses idées pour sa dernière année à la Maison blanche. /Photo pris ele 4 janvier 2016/REUTERS/Kevin Lamarque

par Jeff Mason et Alana Wise WASHINGTON (Reuters) - Barack Obama a plaidé lundi en faveur d'un contrôle renforcé des armes à feu et annoncé qu'il utiliserait son pouvoir réglementaire pour faire passer ses idées durant sa dernière année à la Maison blanche. S'exprimant devant la presse, le président américain a déclaré que son projet, qu'il dit respectueux de la Constitution américaine et notamment du deuxième amendement qui garantit le droit de porter une arme à feu, serait détaillé dans les jours à venir. Si ces mesures ne suffiront pas à empêcher tous les crimes violents ou les massacres, elles sont susceptibles de sauver des vies, a-t-il dit. Le président démocrate a reçu sa ministre de la Justice, Loretta Lynch, pour étudier avec elle la façon de renforcer le contrôle des armes sans passer par le Congrès, dominé par des républicains plutôt opposés aux restrictions à la détention des armes. Jeudi, le président participera à une émission de télévision sur CNN, lors de laquelle il s'efforcera de gagner le soutien du public dans un pays où le lobby des armes à feu est très puissant, avant son traditionnel discours sur l'état de l'Union, le 12 janvier. Barack Obama avait tenté de renforcer les restrictions concernant les armes à feu après la tuerie de l'école primaire Sandy Hook (26 morts dont 20 enfants) à Newtown, dans le Connecticut, en décembre 2012, mais ses projets avaient été bloqués par le Congrès. Le mois dernier, la fusillade de San Bernardino (14 morts), en Californie, commise par un couple de musulmans radicalisés vraisemblablement inspirés par l'Etat islamique a redonné de l'énergie à l'équipe présidentielle pour tenter à nouveau de légiférer, cette fois par décret. "DICTATEUR" Hillary Clinton, favorite pour l'investiture démocrate en vue de la présidentielle du 8 novembre, a salué le projet de Barack Obama. L'ancienne secrétaire d'Etat a fait savoir qu'elle prendrait elle aussi des décrets sur le contrôle des armes si elle devenait présidente. Selon un sondage Reuters/Ipsos publié le mois dernier, 65% des personnes interrogées jugent important d'apporter une réponse à la question du contrôle des armes. Le Center for American Progress (CAP), un cercle de réflexion proche de la Maison blanche, appelle le président à viser ceux qui vendent des armes en grand nombre et qui n'ont pas de licence. "Il y a énormément d'armes qui changent de mains sans vérification des antécédents de l'acquéreur", dit Chelsea Parsons chez CAP. Et, ajoute-t-elle, le président restera dans la limite de ses pouvoirs exécutifs s'il fait en sorte que le nombre de vendeurs d'armes obligés d'avoir une licence soit élargi. De fait, certains candidats républicains, et notamment Donald Trump, ont fait savoir qu'ils feraient annuler les mesures de contrôle des armes qui auront été prises par Barack Obama. "Ce président veut agir comme s'il était un roi, comme s'il était un dictateur", a déclaré le gouverneur du New Jersey Chris Christie, un des candidats à l'investiture républicaine. "Ce sera à nouveau un décret présidentiel illégal qui sera rejeté par les tribunaux," a-t-il ajouté. Mais, en utilisant ses pouvoirs réglementaires, le président respectera le deuxième amendement de la Constitution qui garantit le droit de porter une arme, confirme John Donohue, professeur de droit à l'université de Stanford. "Il y a très peu de choses que je dirais avec 100% de certitude sur ce que ferait la Cour suprême et les autres juridictions, mais je suis à 100% certain qu'aucun tribunal ne dira que demander davantage de contrôle des antécédents viole le deuxième amendement", dit-il. (Avec Alex Dobuzinskis et Robert Laffola, Danielle Rouquié et Nicolas Delame pour le service français, édité par Tangi Salaün)