Comment la Banque mondiale s’entête à soutenir les combustibles fossiles

Elle l’avait promis : priorité serait désormais donnée à des projets favorisant la transition vers une économie à faibles émissions de dioxyde de carbone. Pourtant, la Banque mondiale aurait continué en 2022 à financer l’industrie des hydrocarbures à hauteur de 3,7 milliards de dollars, si l’on en croit une étude de l’ONG allemande Urgewald relayée par le quotidien britannique The Guardian.

Selon la chercheuse à l’origine de l’étude, Heike Mainhardt, l’argent transiterait par le programme mondial de financement du commerce de la Société financière internationale (SFI), qui fait partie de la Banque mondiale et qui permet à celle-ci d’accorder des financements à des entreprises privées sous forme de prêts ou de garanties.

Le programme de la SFI permet en particulier de réduire les risques liés au financement des pays en développement, souvent pénalisés par des taux d’intérêt plus élevés que la normale lorsqu’ils tentent de lever des fonds. Or ce mode de financement a un défaut majeur, souligne Heike Mainhardt : il manque totalement de transparence.

“Si une entreprise pétrolière souhaite importer du matériel de forage ou de raffinage au Nigeria, par exemple, le programme de financement du commerce peut garantir au fabricant de l’équipement que le paiement des marchandises sera bien effectué”, explique la chercheuse. Mais il n’y a aucun moyen de savoir si une telle transaction a eu lieu, car la SFI n’est pas tenue de livrer le détail de ses opérations.

Vers plus de transparence ?

L’estimation de Heike Mainhardt est basée sur l’étude du volume des transactions financées entre 2006 et 2012, dernière période pour laquelle des données fiables sont disponibles. Or “il est peu probable que la proportion allouée aux combustibles fossiles ait beaucoup changé” ensuite, car la SFI a continué à traiter “massivement” avec les producteurs de pétrole, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique.

La SFI conteste formellement les allégations de l’ONG. “Le rapport d’Urgewald contient de graves inexactitudes et surestime largement le soutien de la SFI aux combustibles fossiles”, a indiqué un porte-parole. Mais The Guardian rappelle que l’économiste David Malpass, qui a présidé aux destinées de la Banque mondiale durant quatre ans, a été accusé d’être climatosceptique et a dû démissionner de son poste en juin dernier.

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