Pour bannir ces 10 livres, les conservateurs américains ne reculent devant rien

LIVRES - Un policier débarque dans une salle de la classe, à la recherche d’un livre « pornographique ». C’est ce qu’il s’est passé dans un collège du Massachusetts en décembre dernier, suite à la plainte d’un membre du personnel scolaire. Le livre en question ? Genre queer : Une autobiographie non-binaire, qui aborde avant tout la dysphorie de genre.

Écrite par Maia Kobabe, c’est depuis 2021 l’un des livres les plus ciblés par la censure aux États-Unis. Dans le Massachusetts, la police locale s’est excusée et l’ouvrage reste accessible, mais en Floride ou au Texas, il est banni de nombreux districts scolaires précise AP News. Et d’après la liste des 10 livres les plus à risques d’êtres censurés aux États-Unis, publiée début avril par l’Association Américaine des Bibliothèques (ALA), ce n’est pas la seule oeuvre sur l’identité de genre et la sexualité qui est menacée.

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Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus, Genre queer : Une autobiographie non-binaire occupe la première place de ce classement pour la troisième année d’affilée, et la deuxième place revient à Le bleu ne va pas à tous les garçons, où l’auteur.ice raconte son adolescence en tant que personne non-binaire, noir.e et queer. En 4e place, il y a Le Monde de Charlie, dont l’un des personnages principaux est gay. L’Œil le plus bleu de Toni Morrison, sur l’enfance d’une petite fille noire victime de violences sexuelles et de racisme, arrive quant à lui en 6e place.

L’invisibilisation des personnes minorisées

Pour tous les livres de la liste, les élus et parents conservateurs pointent du doigt des scènes de sexe explicites comme principale justification de censure. Genre queer : Une autobiographie non-binaire contient notamment des dessins sur la masturbation, les règles ou encore les premières expériences sexuelles.

Mais ce que l’on remarque surtout, c’est que 8 ouvrages sur 10 de la liste traitent de sujets liés soit à la communauté LGBT+, soit au racisme. L’ALA, qui lutte pour le droit à la lecture et contre la censure, rappelle par ailleurs qu’en 2023, 47 % des livres menacés de bannissement concernaient des histoires de personnes racisées ou queers.

Le nombre de livres visés par des tentatives de censure aux États-Unis, soit plus de 4200 titres différents, a quant à lui augmenté de 65 % par rapport à l’année précédente. Interviewée par CNN, l’autrice Samira Ahmed, dont le roman Résistance a déjà été ciblé par ce genre de mesures, estimait que ces bannissements consistent à « effacer des étagères » les histoires de personnes minorisées « sous prétexte de “droits parentaux” ».

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