Banditisme corse : une juge mise en examen et écrouée pour ses liens avec la mafia

La magistrate Hélène Gerhards, qui présidait jusqu’en janvier 2023 la cour d’assises du Lot-et-Garonne à Agen, a été écrouée.
seng kui Lim / 500px / Getty Images/500px La magistrate Hélène Gerhards, qui présidait jusqu’en janvier 2023 la cour d’assises du Lot-et-Garonne à Agen, a été écrouée.

FAITS DIVERS - Une alliée de la mafia très inattendue. Une magistrate a été placée en détention ce samedi 6 avril, suite à une enquête sur ses liens avec la mafia corse. Il s’agit d’Hélène Gerhards, qui présidait jusqu’en janvier 2023 la cour d’assises du Lot-et-Garonne à Agen. Elle a été mise en examen dans la nuit de vendredi à samedi pour des faits qui auraient été commis entre 2008 et 2022, notamment lors de son séjour en Corse de 2010 à 2016, où elle exerçait en tant que juge d’instruction.

Une magistrate d’Agen, proche de Dupond-Moretti, en garde à vue dans une enquête liée au banditisme corse

Lors de ses auditions en garde à vue, la magistrate accusée de détournement de fonds publics a « contesté d’abord toute infraction et tout manquement à ses obligations professionnelles », avant de finalement reconnaître « une consultation illicite de données au profit d’un individu défavorablement connu », a précisé le procureur de Nice vendredi. Le montant total des fonds détournés « pourraient être évalués à plus de 120 000 euros », selon la même source.

Des liens avec la mafia, et une belle villa

Parmi les 11 infractions retenues contre la juge figurent : « faux en écriture publique par un dépositaire de l’autorité publique », « usage de faux », « association de malfaiteurs en vue de préparer un crime ou un délit puni de dix ans d’emprisonnement », « blanchiment », « construction sans permis », ou encore « complicité de violation du secret professionnel ».

C’est en réalité en enquêtant au sujet de Johann Carta, pilier de la bande du Petit Bar bien connue à Ajaccio, que la justice est tombée sur des enregistrements une écoute téléphonique dans un véhicule. On y entend Johan Carta, aux côtés de la magistrate, mancer des ouvriers ayant fait des travaux dans la villa d’Hélène Gerhards.

Cette « grande villa de 320 mètres carrés, à cinquante mètres de la mer, de très haut standing, avec piscine et spa, pool house, compte dix pièces et un jardin exotique », décrit Le Monde, qui ajoute qu’« un ancien garage aurait été transformé en hébergement accessible sur Airbnb ». Selon l’annonce de location, elle pouvait être louée jusqu’à 2 260 euros la nuit.

Faux documents juridiques

« En contacts réguliers également avec d’autres personnes connues des services de police (...), la magistrate semblait entretenir une grande proximité faite notamment de services réciproques », ajoutait le procureur. « Parmi les services rendus », l’enquête a « mis en évidence que la magistrate aurait pu, outre des conseils juridiques, rechercher et communiquer des informations concernant des procédures en cours ou des données issues de fichiers », précisait le procureur.

Elle est ainsi accusée d’avoir utilisé sa « qualité de juge d’instruction » pour « établir de fausses ordonnances de commission d’expert et de fausses ordonnances de taxe » pour « la réalisation d’expertises fictives » en « matière informatique et en traduction » qui auraient notamment bénéficié à son « ex-conjoint », détaillait le procureur.

« Une innocente incarcérée », estiment ses avocats

Dénonçant une « enquête menée exclusivement à charge » contre une magistrate « appréciée dans chacun de ses postes pour son travail et sa pugnacité », ses avocats Me Caty Richard et Me Yann Le Bras ont indiqué à l’AFP qu’après avoir eu « enfin accès à l’œuvre d’un acharnement de trois années », ils ont « d’ores et déjà trouvé des éléments qui remettent en cause la thèse de l’accusation ».

« D’autres solutions procédurales étaient possibles, mais il a été choisi la voie de la violence institutionnelle », dénoncent-ils, estimant que « c’est l’échec absolu d’une innocente incarcérée ». Dès jeudi, ils s’étaient interrogés « sur un éventuel règlement de comptes au sein de la magistrature ».

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