Dans la bande de Gaza, l’hôpital al-Chifa déserté par les troupes israéliennes après de violents combats

Gaza : l’hôpital al-Chifa de Gaza-ville déserté par les troupes israéliennes, ce que l’on sait de la situation (Vu générale de l’hôpital al-Chifa le 1er avril 2024)
- / AFP Gaza : l’hôpital al-Chifa de Gaza-ville déserté par les troupes israéliennes, ce que l’on sait de la situation (Vu générale de l’hôpital al-Chifa le 1er avril 2024)

GAZA - Reste la désolation. Ce lundi 1er avril au matin, les troupes israéliennes ont quitté l’hôpital al-Chifa, plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, l’armée annonçant avoir « achevé » les opérations dans la zone, après deux semaines de combats.

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Quelques heures auparavant, le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, avait affirmé que l’armée avait retiré ses chars de l’hôpital, situé à Gaza-Ville, et a dit y avoir découvert des dizaines de cadavres. Voici ce que l’on sait de la situation.

Israël assure avoir tué de nombreux terroristes dans la zone

Les forces israéliennes ont annoncé dans un communiqué avoir « achevé une activité opérationnelle dans la zone de l’hôpital Chifa et ont quitté la zone de l’hôpital ». Un journaliste de l’AFP et des témoins sur place ont vu des chars et des véhicules quitter le complexe hospitalier, couverts par des tirs d’artillerie et des frappes aériennes.

Dans le communiqué israélien, l’armée assure avoir « tué des terroristes lors d’affrontements », explique la BBC. « Les troupes ont tué des terroristes lors d’affrontements rapprochés, ont localisé de nombreuses armes et documents de renseignement dans tout l’hôpital, tout en évitant de nuire aux civils, aux patients et aux équipes médicales. »

Depuis le début de son offensive en réponse à l’attaque du 7 octobre, Israël a accusé les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux. Dans ce contexte, l’État hébreu a lancé le 18 mars une « opération précise » contre al-Chifa. Il affirme avoir ainsi « éliminé environ 200 terroristes » dans le secteur. Israël avait déjà mené une opération similaire à al-Chifa en novembre, invoquant les mêmes raisons.

Dévastation et « cadavres en décomposition »

Mais qu’en est-il réellement sur place ? Selon des témoins, l’hôpital a été très sévèrement endommagé, voir rasé en certains endroits. L’opération israélienne a démarré alors que des centaines de déplacés avaient trouvé refuge dans l’enceinte de l’hôpital. Après le départ des troupes, de nombreux corps ont été retrouvés selon le Hamas et des témoins.

« Des dizaines de corps de martyrs, certains en état de décomposition, ont été retrouvées dans l’enceinte et aux abords de l’hôpital d’al-Chifa », a affirmé le ministère de la Santé du Hamas dans un communiqué, précisant que les dégâts matériels sont « très importants » sur l’ensemble des bâtiments.

Un médecin a déclaré à l’AFP que plus de 20 cadavres ont été récupérés. D’après lui, certains corps se sont fait rouler dessus par les véhicules militaires qui se retiraient. Plusieurs corps ont été retrouvés près de l’entrée ouest du complexe, utilisée par l’armée au moment de son retrait lundi, d’après les mêmes sources.

Un porte-parole de l’agence de défense civile de Gaza, dirigée par le Hamas, a fait état de 300 morts à l’intérieur et autour de l’hôpital durant l’opération israélienne.

Le médecin norvégien Mads Gilbert, qui a longuement travaillé à Gaza, notamment à l’hôpital al-Chifa, s’est exprimé depuis la Norvège pour Al Jazeera. Selon lui, après le retrait des troupes ont été découverts « les cadavres décomposés les plus horribles avec des asticots qui sortent des yeux ». Et le médecin engagé d’oser un parallèle en assurant que ce sont « en réalité des asticots qui sortent des yeux du président Biden et des dirigeants de l’UE qui ne font rien pour arrêter cet horrible, horrible génocide ».

« Une bouteille d’eau pour 15 personnes »

Dimanche, le directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait indiqué que 21 patients de l’hôpital al-Chifa étaient morts depuis le début de l’opération israélienne, avait rapporté l’AFP.

Selon le dirigeant de l’OMS, il restait alors dans cet hôpital 107 patients, dont quatre enfants et 28 malades dans un état critique. « Beaucoup ont des plaies infectées et sont déshydratés » et depuis samedi, « il ne reste plus qu’une bouteille d’eau pour 15 personnes », a-t-il encore affirmé sur le réseau social X.

« Pendant le siège de l’hôpital al-Chifa, nous n’avions pas les moyens de soigner les patients… Nous ne pouvions pas les soigner, ni les enterrer », a témoigné pour Al Jazeera une infirmière de l’hôpital, ajoutant que « l’odeur des cadavres remplissait l’endroit ». « Ce qui nous est arrivé est indescriptible », a-t-elle raconté.

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