Comment Baltimore est devenue la capitale américaine des overdoses

Les habitants de Baltimore meurent d’overdose à un rythme effréné. Entre 2018 et 2022, le taux de mortalité par surdose s’est établi à près du “double de celui de n’importe quelle autre grande ville américaine”, souligne le New York Times. Au total, au cours des six dernières années, près de 6 000 usagers des drogues y ont perdu la vie. Un taux de mortalité plus élevé que celui de “la quasi-totalité de la région des Appalaches pendant la crise des opioïdes sur ordonnance, du Midwest à l’apogée des laboratoires de méthamphétamine ou de New York pendant l’épidémie de crack”, souligne le quotidien pour donner à ses lecteurs la mesure de la gravité de la situation à Baltimore.

Lorsque les opioïdes de synthèse, et en particulier le fentanyl, ont commencé à inonder les rues de la ville, “Baltimore faisait pourtant figure de modèle national de lutte contre les overdoses”, explique le journal. Les autorités locales ont “très tôt pris la mesure de la crise et lancé de vastes campagnes de prévention, des programmes permettant d’envoyer les toxicomanes dans des centres de traitement et des campagnes de distribution de Narcan”, dont le principe actif est la naloxone, un antidote très efficace en cas d’overdose.

Une femme dépose des fleurs sur le lieu où son fils est décédé d’une overdose en 2002, le 15 février 2024 à Baltimore.. photo JESSICA GALLAGHER/THE BALTIMORE BANNER/NYT
Une femme dépose des fleurs sur le lieu où son fils est décédé d’une overdose en 2002, le 15 février 2024 à Baltimore.. photo JESSICA GALLAGHER/THE BALTIMORE BANNER/NYT

Des autorités locales complètement dépassées

Puis les dirigeants de la ville ont été dépassés par d’autres crises, “dont la pandémie de Covid-19 et la recrudescence de la violence par armes à feu”. Et la prévention des morts par overdose est passée au second plan. Résultat : la courbe des décès causés par les surdoses s’est envolée et la municipalité s’est retrouvée plongée dans une crise sanitaire de grande ampleur. “Des corps sans vie ont été retrouvés dans des motels et dans des squats, dans des parcs et même dans un stade de foot, au coin de la mairie et jusque devant le département municipal de la santé. En l’espace d’un seul mois, la ville a eu à déplorer jusqu’à 114 victimes”, note le New York Times.

Autant de victimes qui offrent un échantillon représentatif de la population de la ville, note le journal, en égrenant la triste litanie des morts par overdose : “Cuisinier, avocat, chauffeur de bus, ingénieur, machiniste, enseignant, restaurateur, charpentier, ancien combattant, médecin, vendeur ou coordinateur d’admissions dans les centres de désintoxication.” Parmi eux, il y a “des retraités et des chômeurs”, et même des victimes “tragiquement jeunes” : “depuis 2020, au moins 13 enfants de moins de 4 ans sont morts à Baltimore après avoir été exposés à des drogues”, souligne le quotidien.

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