Baiser forcé de Luis Rubiales : En Espagne, huit jours de polémique qui ont mis le patron de la fédé hors jeu

Baiser forcé de Luis Rubiales : En Espagne, huit jours de polémique qui ont mis le patron de la fédé hors jeu
Baiser forcé de Luis Rubiales : En Espagne, huit jours de polémique qui ont mis le patron de la fédé hors jeu

INTERNATIONAL - L’Espagne n’a pas pu savourer son sacre très longtemps. Peu après sa victoire contre l’Angleterre en finale de la Coupe du monde de football, ce dimanche 20 août, la polémique déclenchée par le baiser forcé de Luis Rubiales à Jenni Hermoso a tout balayé sur son passage.

Au départ défendu par toute la fédération royale espagnole de football (RFEF) et même par la joueuse, Luis Rubiales a au fil des jours vu ses soutiens prendre leurs distances. Lundi 28 août, les présidents des fédérations régionales ont à leur tour réclamé sa démission. Le HuffPost refait le déroulé des événements qui agitent l’Espagne et le monde du foot depuis plus d’une semaine.

• Dimanche 20 août : les images du baiser de Rubiales

La Roja a à peine eu le temps de savourer sa victoire (1-0) face aux Lioness à Sidney, en Australie, que déjà les projecteurs se tournent vers Rubiales. Pointé du doigt pour s’être agrippé l’entrejambe dans le box royal au moment de la victoire, le voilà qui embrasse sur la bouche la joueuse Jennifer Hermoso. La scène, qui se déroule au moment de la remise des médailles, a été filmée et les images ont fait le tour du monde.

Dans un premier temps, la numéro 10 espagnole semble prendre les faits à la rigolade. Elle déclare en direct sur Instagram avec un sourire : « Ça ne m’a pas plu, hein ! » Dans des déclarations transmises ensuite par sa fédération, elle dit qu’il s’agissait d’« un geste mutuel totalement spontané en raison de l’immense joie que procure la victoire d’une Coupe du monde ».

Face aux premières critiques, Luis Rubiales assure avant de monter dans l’avion qui le ramène en Espagne qu’« il s’agit juste de deux amis qui fêtent quelque chose ». Et d’ajouter : « Nous ne sommes pas là pour des bêtises. Moi, avec tout ce que j’ai vécu, plus de bêtises et plus de trous du c**. Ignorons-les et profitons des bonnes choses ». Le lendemain il publie une vidéo d’excuses dans laquelle il affirme que c’était un acte « sans aucune mauvaise intention, sans aucune mauvaise foi ».

Mardi 22 août : des excuses jugées « insuffisantes »

En conférence de presse, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez qualifie le geste du président de la RFEF d’« inacceptable » et juge ses excuses « insuffisantes ». S’il n’appelle pas à la démission de Luis Rubiales, d’autres ministres ne se privent pas. C’est le cas de la ministre du Travail Yolanda Díaz, du ministre des Sports Miquel Iceta ou de la ministre de l’Égalité Irene Montero. « C’est très simple. Deux personnes s’embrassent si elles le veulent toutes les deux, s’il y a consentement. Seul un oui est un oui », écrit cette dernière sur Twitter.

« Dans quel monde à l’envers vivons-nous ? Sur la plus grande scène, où l’on devrait célébrer, Jenni doit être agressée physiquement par ce type », dénoncé également la star américaine du football Megan Rapinoe. Puis, l’Association des Footballeurs espagnols exige « que les autorités compétentes adoptent les mesures nécessaires » face à « la gravité » de l’incident. La RFEF annonce qu’elle tiendra vendredi une assemblée générale extraordinaire.

• Mercredi 23 août : Jenni Hermoso sort du silence

Loin de se calmer, le scandale prend encore plus d’ampleur. Le syndicat Fifpro, Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels qui représente 65 000 joueurs et joueuses, demande à la Fifa d’ouvrir une enquête. La ligue professionnelle de Football féminin espagnole indique avoir porté plainte auprès du Conseil supérieur des sports espagnol et réclame la mise à pied du président de la fédération.

Après un silence de quelques jours, Jenni Hermoso prend aussi la parole et déclare s’en remettre à son syndicat Futpro pour assurer sa défense, lequel a réclamé « des mesures exemplaires » à l’encontre de Luis Rubiales. Futpro lance un « appel » au CSD afin qu’il agisse « face au harcèlement ou aux abus sexuels, au machisme et au sexisme » et réclame à son tour à la Fifa une enquête.

• Jeudi 24 août : la Fifa s’exprime (enfin)

Sommée d’agir depuis plusieurs jours, la Fédération internationale de foot annonce l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre Luis Rubiales.

Les médias espagnols assurent que le président de la fédération espagnole de 46 ans, en poste depuis 2018, présentera sa démission lors de l’assemblée générale extraordinaire de la fédération.

• Vendredi 25 août : Rubiales refuse de partir

Prenant de court le monde entier, Luis Rubiales déclare qu’il refuse finalement de partir, s’en prend au « faux féminisme » qui « ne cherche pas la vérité », et dénonce une « tentative d’assassinat social ». Il défend ses actes, affirmant que son baiser était « spontané, mutuel et consenti ». Le tout, sous les applaudissements de l’auditoire.

De quoi provoquer une nouvelle vague d’indignations de la part de la Liga, de la double Ballon d’or Alexia Putellas ou encore de ministres. Le secrétaire d’État aux Sports Victor Francos qualifie cette affaire de « #MeToo du football espagrnol » et annonce que le gouvernement entame des poursuites contre Luis Rubiales.

Dans un communiqué, Jenni Hermoso assure qu’elle n’a « à aucun moment consenti à ce baiser ». « Je me suis sentie vulnérable et victime d’une agression, d’un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de ma part », poursuit-elle. La numéro 10 indique également qu’elle a été sous pression de la fédération pour justifier les actions de Luis Rubiales.

Dans le même temps, les 23 joueuses de la Coupe du monde partagent un autre communiqué dans lequel elles annoncent leur intention de renoncer à jouer pour l’Espagne sous la direction actuelle.

• Samedi 26 août : la RFEF veut poursuivre Hermoso

La fédération espagnole de foot apporte un soutien sans faille à son leader. Elle assure qu’elle entend « prouver chaque mensonge publié par qui que ce soit au nom de la joueuse ou, si c’est le cas, par la joueuse elle-même ». La fédé ajoute qu’elle va « engager des procédures judiciaires » pour défendre la version de son président. Dans la foulée, une mise en garde est adressée aux joueuses qui boycottent la sélection afin de leur rappeler que leur participation est « une obligation ».

En représailles, six membres de l’encadrement de la sélection féminine espagnole de football démissionnent. Mais pas le sélectionneur Jorge Vilda dont la réaction se fait toujours attendre. Il s’exprimera finalement plus tard dans la soirée, condamnant le « comportement inapproprié » de Luis Rubiales.

Quant à la Fifa, elle annonce suspendre Luis Rubiales « de toute activité liée au football au niveau national et international » pendant au moins 90 jours. Lui et les membres de la fédération ont interdiction d’entrer en contact avec Jenni Hermoso et ses proches.

• Lundi 28 août : vers une judiciarisation

Le parquet espagnol ouvre une enquête préliminaire pour « agression sexuelle » présumée contre Luis Rubiales. La mère de ce dernier a pour sa part commencé une grève de la faim dans une église en soutien à son fils.

Dernier rebondissement lundi soir : les présidents des fédérations régionales, convoqués par le président par intérim de la Fédération espagnole de football, ont demandé la démission immédiate de Luis Rubiales. « Les récents événements et les comportements inacceptables qui ont gravement porté atteinte à l’image du football espagnol », justifient-ils.

Pour sa part, Jenni Hermoso a pu compter au fil des jours sur des soutiens du monde entier : les joueuses de l’équipe de France Eugénie Le Sommer et Marie-Antoinette Katoto, les joueurs Jules Koundé et Aurélien Tchouameni, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. Mais aussi la totalité de l’équipe nationale d’Angleterre ou les stars internationales du foot Alex Morgan et Marta.

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