Badminton: "Ce titre olympique est un rêve devenu réalité", les confessions de Viktor Axelsen, numéro un mondial

Viktor, content d'être de retour à Paris ?

Oui bien sûr, c'est super d'être ici. J'apprécie toujours de venir à Paris. C'est une ville magnifique. J'ai hâte de jouer ici.

En quoi les Internationaux de France de badminton sont importants pour vous? Surtout en cette année olympique ?

Ce tournoi est très important pour moi car déjà je n'ai pas pu jouer pendant plusieurs semaines à cause d'une blessure. Donc j'ai très envie de retourner sur le terrain, de bien jouer et donner le meilleur de moi pour performer. On verra ce qu'il se passe. J'ai gagné une fois ce tournoi donc ça serait bien de le gagner encore. De plus, on a un gros tournoi en Angleterre la semaine prochaine, lui aussi est important. Mais je ne joue jamais un tournoi avec la moitié de mes capacités, je serai à 100%. Je vais donner le meilleur ici à Paris. Mais ça sera une belle expérience de jouer dans cette nouvelle salle (Adidas Arena) où se joueront les Jeux Olympiques.

Justement, cette nouvelle salle, vous avez déjà pu la voir ?

Je me suis entraîné sur des terrains à côté, pas dans la salle principale mais j'ai vu comment elle était, c'est génial.

Cette salle sera un bel endroit pour performer cet été aux JO ?

Je pense que oui. Elle est top, elle va très bien pour des Jeux Olympiques. Il y a de l'espace, elle est bien faite.

Vous avez eu quelques semaines loin des courts en raison d'une blessure. Comment vous vous sentez ?

Je suis de nouveau en forme. J'ai pu m'entraîner à fond pendant six semaines. Je suis bien préparé. Je n'avais pas eu de longs moments de préparation comme ça depuis octobre. Donc je vais revenir plus fort je pense.

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Vous êtes numéro un mondial, champion olympique en titre mais pouvez-vous nous dire qui est Viktor Axelsen ? Quel type de joueur ?

Je pratique le badminton depuis des années maintenant. Je suis devenu le premier européen à devenir champion du monde junior. Depuis ce titre, j'ai eu la chance de continuer à bien performer chez les seniors. J'ai accompli tout ce que je souhaitais dans le sport. Mais maintenant, je vais voir si j'arrive à gagner ma deuxième médaille d'or aux Jeux Olympiques. Et j'espère jouer encore de nombreuses années. Ma motivation maintenant c'est de tout donner, mais il n'y a pas que les résultats qui comptent, c'est aussi tout le travail que cela nécessite qui me fait aimer le badminton. Je suis aujourd'hui un joueur vraiment mature. J'ai joué de nombreux matchs ces dernières années. Je dirai que je suis un joueur expérimenté mais qui doit à chaque tournoi s'adapter au type de jeu de l'adversaire.

Quels souvenirs gardez-vous de cette finale aux Jeux Olympiques de Tokyo que vous gagnez ?

C'était différent à l'époque car il n'y avait pas de spectateurs. C'était le match le plus important. La pression est immense lors d'une finale olympique, vous devez faire bien. J'étais hyper concentré, je voulais bien faire. J'ai joué un match extrêmement solide. Remporter ce titre olympique est un rêve devenu réalité.

Cette année est tout aussi spéciale avec les JO de Paris. Qu'attendez-vous de cette grande échéance ?

J'espère arriver dans la meilleure forme physique. Je suis déjà tellement fier d’avoir pu rester à ce niveau dans le top mondial depuis les derniers JO. Ce n’était pas facile de garder cette place de numéro un mondial, de continuer à gagner des tournois. C’est difficile mentalement et physiquement. Être encore aujourd’hui, un joueur qui peut prétendre à une médaille à Paris, c’est déjà une grande réussite pour moi. Je suis très confiant et motivé pour les prochains mois.

Est-ce que cette médaille aux Jeux Olympiques de Tokyo vous a rendu encore plus fort ?

Cette année, je n'ai pas encore pu performer au niveau que je souhaitais. Mais ces dernières années, j'ai déménagé à Dubaï où j'ai ma propre structure d'entraînement. Ça m'a remotivé. Ces trois dernières années, j'ai gagné tout ce dont je rêvais de gagner. Donc oui, on peut dire que cette médaille d'or aux Jeux ne m'a pas rassasié, elle m'a donné l'envie de faire plus pour être honnête.

Pourquoi avoir décidé de quitter le Danemark pour Dubaï ?

J'ai une opportunité unique d'aller là-bas pour m'entraîner au NAS Sports Complex. C'est sûrement l'une des meilleures infrastructures sportives dans le monde. J'ai beaucoup de soutien là-bas, déjà de mes sponsors. Je n'ai aucune distraction aussi. Je peux gérer mes entraînements comme je le souhaite et je me concentre entièrement sur mon développement. C'est une bonne chose pour moi, ça m'a remotivé. C'est un nouvel environnement ce qui me permet de garder ma motivation.

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La vie à Dubaï vous convient aussi ?

Oui, que ce soit pour moi comme pour ma famille. Avec ma femme, nous avons deux jeunes filles. Elles peuvent parler anglais à la garderie. On continuera sûrement de beaucoup voyager quand je prendrais ma retraite donc que les filles puissent apprendre l'anglais et d'autres langues c'est important pour nous. Dubaï est très multiculturelle. C'est important qu'elles voient les différentes nationalités qu'il peut avoir. La vie de famille est vraiment parfaite.

Votre vie a changé aussi avec l'arrivée de vos deux enfants. C'est quelque chose de spécial de les avoir maintenant à vos côtés en compétition ?

Oui, quand elles sont avec moi c'est une grande source de motivation. Je ne joue plus que pour moi mais pour toute la famille et surtout nos enfants. C'est spécial. Je m'estime chanceux d'avoir pu partager de beaux moments avec ma famille. Et j'espère qu'on aura encore de beaux voyages ensemble dans le futur.

Est-ce que votre plus grande fille joue déjà au badminton ?

Non, juste un peu pour s'amuser. Mais elle fait plutôt de la gymnastique. Mais tant qu'elles font un peu d'activité physique je suis content. Dans les prochaines années, elles joueront peut-être au badminton, ou un autre sport, mais le plus important c'est qu'elles restent actives.

Être dans un pays multiculturel était important pour vous, parce qu'aussi vous parlez plusieurs langues et notamment le mandarin. Pourquoi avoir appris cette langue ?

Le badminton est très populaire en Asie. Il fallait donc pouvoir communiquer avec les fans là-bas. Et aussi, c'est quelque chose que les sponsors prennent en compte, être un modèle et aussi pouvoir communiquer avec le plus de personnes possibles dans le monde qui aiment le badminton. Le côté multiculturel est vraiment quelque chose d'important pour moi. Je veux que mes enfants soient ouverts d'esprit et apprennent à respecter les différentes cultures, qu'ils acceptent que des personnes viennent de différents endroits dans le monde. Le mandarin m'a permis de me faire de nouveaux amis et c'est quelque chose que j'apprécie énormément.

En Asie, le badminton est un sport extrêmement pratiqué. Les meilleurs joueurs viennent de ces pays, notamment la Chine. Comment avez-vous réussi à changer cette domination asiatique sur le circuit ?

Je pense que je ne me suis jamais vraiment concentré sur le fait qu'il fallait absolument battre ces joueurs-là. J'essaye juste de me concentrer et donner le meilleur de moi-même sur le terrain et gagner le plus de matchs possibles. Mon approche a toujours été celle-là, de faire de mon mieux, de performer au maximum. Je suis très content d'avoir pu mettre le badminton danois et européen tout en haut. Quand vous êtes à 100% de vos capacités vous pouvez battre les tous meilleurs.

Vous sentez que le badminton européen est en train de progresser ?

Oui, les joueurs européens progressent. On doit tout mettre en œuvre pour dénicher des talents en Europe. Et faire tout ce qui est possible pour qu'ils se développent. J'ai hâte de voir la suite.

En France aussi, le badminton se développe, a de plus en plus de résultats. Notamment avec les frères Popov. Vous pouvez nous en parler ?

C'est fabuleux de voir que des jeunes joueurs français font de tels résultats. La preuve avec Christo Popov qui vient de remporter l'Open d'Allemagne. Avec le papa comme entraîneur et les deux frères, tout est mis en plus pour qu'ils réussissent. Ils ont des résultats. C'est vraiment satisfaisant pour moi de voir ça et je respecte leur travail. La France a aussi d'autres talents comme Alex Lanier, Arnaud Merkle, Toma Popov, Christo... Le badminton français se porte bien, surtout chez les hommes en simple.

Si l'on revient sur les Jeux Olympiques, est-ce qu'il y a une pression supplémentaire en ce début d'année ?

Non, pas vraiment pour être honnête. J'ai de l'expérience pour gérer la pression. Je ne ressens aucune différence entre aujourd'hui et il y a trois ans avant les Jeux de Tokyo. Si vous n'arrivez pas à passer au-dessus de cette pression dans un sport individuel c'est que ce n'est pas fait pour vous. Vous devez essayer d'aller sur chaque tournoi en étant le plus relax possible mentalement.

Mais quelques semaines avant les JO, faut-il être un état d'esprit différent ?

Ça vient assez naturellement chez moi. Quand l'échéance approche je me concentre plus d'un coup.

Pour vous, des Jeux Olympiques réussis ça serait quoi ?

Je dois bien me préparer, être concentré, ne pas me blesser. Et faire tout ce que je peux quand arrive le moment, je ne peux que faire de mon mieux. Ça sera le plan.

Article original publié sur RMC Sport