Baby-blues mondial et escalade au Moyen-Orient

Comment construit-on la une d’un hebdomadaire ? À quel moment décide-t-on de changer (ou non) le sujet de couverture ? Ces questions, chers lecteurs, vous êtes nombreux à nous les avoir posées lors d’une rencontre organisée en novembre. Pourquoi mettre en avant un sujet plutôt qu’un autre ? Comment gérer les différentes temporalités, anticiper sur les événements plutôt que courir après l’actualité ? À bien des égards, le magazine que nous vous proposons cette semaine est un cas d’école.

Dans la réalisation d’un hebdomadaire, il y a d’abord le temps long. Depuis le mois de janvier et les déclarations un brin martiales d’Emmanuel Macron plaidant pour “un réarmement démographique”, nos journalistes sont allés explorer la presse étrangère sur tous les continents pour mesurer l’importance de la question démographique ailleurs. Et leur verdict est sans appel : la problématique est bien globale. Dès lors, un dossier démographie nous paraissait s’imposer, même si nous avons déjà abordé ces questions dans un hors-série publié en 2022.

Depuis, les choses semblent s’accélérer. Le taux de natalité baisse partout (sauf en Afrique), et plus vite que prévu, comme l’a révélé une étude publiée le 20 mars dans la revue britannique The Lancet. Face à cette situation, les gouvernements, bien souvent, sont tentés de s’en mêler, avec plus ou moins de réussite.

C’est en fait un changement total de paradigme qu’il faut envisager, explique The Christian Science Monitor dans l’article autour duquel nous avons construit notre dossier. “C’est tout le débat sur la démographie, fondé sur l’idée que la fécondité de l’humanité excède les capacités de la Terre, qui [prend] une autre tournure. La décroissance pourrait être aussi rapide que la croissance”, constate Simon Montlake. “Cette perspective, écrit-il, soulève de délicates questions quant à la possibilité pour une société prospère aux institutions solides de perdurer.”

En matière d’emploi, de santé publique, d’éducation, de retraite, d’immigration, tous nos modèles sont à revoir, explique l’auteur. Interrogée par le Financial Times, la démographe finlandaise Anna Rotkirch plaide elle aussi pour un changement d’approche majeur : “Les États ne devraient pas dire aux jeunes de faire des enfants pour le bien de l’économie, suggère-t-elle. Ils feraient mieux de retourner la logique et de rassurer les jeunes : ‘L’économie est là pour vous permettre d’avoir un enfant.’

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