Bébés congelés dans le Vaucluse: l'avocate de la mère veut requalifier les faits en "homicides involontaires"
Sa cliente "n'est pas un monstre". Un an après la mise en examen d'une femme de 41 ans, soupçonnée d'avoir congelé deux bébés dans le Vaucluse, son avocate, Me Charlotte Brès, espère la requalification des faits en homicides involontaires, a-t-elle confié ce mercredi 6 décembre à nos confrères de La Provence.
Le 1er décembre 2022, les corps de deux nouveau-nés ont été découverts dans un congélateur d'une maison de Bédoin (Vaucluse). Une femme de 41 ans, mère de trois enfants, avait été interpellée sur place et mise en examen pour "meurtre de mineur" de moins de 15 ans et placée en détention provisoire.
Les bébés nés "viables"
L'autopsie, réalisée quelques jours plus tard, avait montré qu'il s'agissait de deux fillettes, nées "viables" après l'accouchement et que leur mort n'était "pas d'origine naturelle", avait expliqué la procureure d'Avignon, Florence Galtier, à l'époque.
"Pour le premier bébé, c'est une grossesse connue d'elle et de ses filles", confirme l'avocate de la mère de famille, affirmant que le nouveau-né serait "décédé des suites d'une chute dans l'escalier".
Lors de sa conférence de presse en décembre 2022, la procureur avait indiqué qu'un "traumatisme crânien et intracrânien" avait été constaté sur l'un des deux bébés et serait à l'origine de la mort.
Pour le deuxième bébé, "c'est un déni de grossesse total", enchaîne l'avocate, expliquant que la mère de famille avait "accouché un soir sur son canapé devant sa télé" et que l'enfant serait décédé des suites de cet accouchement.
"Ce n'est pas une meurtrière, elle n'a pas donné la mort volontairement", estime Me Charlotte Brès, qui espère une requalification des faits en "homicides involontaires".
"Elle n'attend qu'une chose, c'est d'être jugée"
Mais pourquoi cette mère de famille n'a-t-elle pas prévenu les secours? Pourquoi a-t-elle placé ces nouveau-nés dans le congélateur, et à deux reprises? "Elle voulait les garder auprès d'elle et ne voulait pas s'en débarrasser", explique l'avocate.
"Je n'allais pas les jeter dans la montagne et que les cochons les mangent", aurait justifié la mère de famille, selon son avocate.
La détention provisoire de cette femme de 41 ans vient d'être prolongée de six mois. Mais son avocate espère obtenir une demande de remise en liberté avant le procès, prévu début 2025. Trois critères ont été retenus par la juge de liberté et de la détention. D'abord, celui d'empêcher la pression sur les témoins ou toute concertation. "Elle a agi seule et n'a jamais mis la pression sur sa fille", répond l'avocate.
La juge veut également "prévenir le renouvellement" de l'infraction, c'est-à-dire empêcher qu'elle ne réitère. Mais pour Me Brès, "ça ne tient pas, on a retrouvé les deux corps". Mais la juge estime qu'elle pourrait recommencer sur ses enfants.
"C'est absurde", affirme-t-elle, rappelant que ses filles ont 20 ans, 17 ans et 10 ans. "On est sur une personne qui accouche, qui perd un enfant et qui le congèle, pas sur une criminelle qui tue des enfants", rétorque l'avocate.
Enfin, la juge veut "mettre fin à un trouble exceptionnel à l'ordre public", faisant référence au retentissement médiatique de l'affaire dans la région. "Elle n'attend qu'une chose, c'est d'être jugée (...) elle sait qu'elle a commis des infractions pénales", conclut l'avocate.