En Azerbaïdjan, la télé publique fait chanter une chanson anti-Macron à des enfants

Alors que les relations entre Paris et Bakou se tendent, un présentateur azerbaïdjanais a chanté en chœur une chanson « anti-Macron » avec des enfants.

AZERBAÏDJAN - « Il est pro-arménien (...), il nous fait de fausses promesses ». Dans un extrait vidéo publié sur la chaîne de télévision publique azerbaïdjanaise ITV, un présentateur chante, avec le sourire, une chanson hostile au président français Emmanuel Macron, entouré d’une quinzaine d’enfants. Le média indépendant Eurasianet rapporte que cette vidéo a ensuite été relayée sur les réseaux sociaux de la chaîne télé.

Les paroles de cette chanson affirment que le président Macron est « pro arménien » mais qu’il fait également « de fausses promesses » à l’Azerbaïdjan. Le présentateur énumère ces accusations, ce à quoi répondent les enfants : « E-MMA-NUEL ». Dans les commentaires visibles sous la vidéo Youtube, certains spectateurs pointent du doigt l’utilisation d’enfants à des fins politiques.

Cette attaque contre le chef de l’État français fait suite à plusieurs déclarations de Paris dans la reprise des hostilités sur la région du Haut-Karabakh (Artsakh) en Arménie mais aussi sur les frontières mêmes de la République d’Arménie. Lors d’une interview accordée à France 2 le 12 octobre, Emmanuel Macron avait alors déclaré que l’Azerbaïdjan avait mené « une guerre terrible » en 2020 et que la France ne « lâcherait jamais » les Arméniens. Ces mots ne sont pas passés inaperçus et Bakou a répliqué en jugeant ces propos « insultants ».

Des tensions qui ne datent pas d’hier

L’Arménie, alliée de la Russie, et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, se sont affrontés lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle du Nagorny Karabakh, une enclave à majorité arménienne. La dernière guerre, à l’automne 2020, avait fait 6 500 morts et s’était achevée sur un cessez-le-feu sous médiation de Moscou, qui a déployé sur place un contingent de soldats de maintien de la paix.

Mais le 13 septembre, les hostilités ont repris avec une offensive azerbaïdjanaise sur le Haut-Karabakh et sur la République d’Arménie notamment dans la région du Syunik et plus au nord dans la ville de Jermuk. Des deux côtés, ces attaques ont été les plus meurtrières depuis 2020 avec près de 300 morts.

Quelques jours après, lors de cette même interview sur France 2, Emmanuel Macron a appelé les deux pays à dialoguer car de « nombreuses questions restent en suspens » autour de leurs rapports. Il a également ajouté que cette nouvelle offensive avait été orchestrée par l’Azerbaïdjan.

Une déclaration qui n’est pas passée pour le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, qui a qualifié ces propos de « déclarations insultantes, inacceptables, fausses et provocatrices » en ajoutant : « nous avons exercé notre droit à l’autodéfense et restauré notre intégrité territoriale par la force » lors d’un sommet politique.

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