Aya Nakamura domine Les Flammes 2024 et rappelle la difficulté d’être « une femme noire de banlieue »

Aya Nakamura était la grande gagnante de la seconde édition des Flammes.
JULIEN DE ROSA / AFP Aya Nakamura était la grande gagnante de la seconde édition des Flammes.

MUSIQUE - La plus nommée, et la plus récompensée. Aya Nakamura était la reine de la cérémonie des Flammes, jeudi 25 avril, au Théâtre du Châtelet à Paris. Après avoir lancé la soirée par un medley de ses plus gros tubes, la chanteuse a dominé le palmarès de la seconde édition en remportant trois trophées : la Flamme de l’album nouvelle pop pour DNK, celle de l’artiste féminine (déjà gagnée en 2023) et celle du rayonnement international de l’année.

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Un joli pied de nez après la polémique raciste autour de sa participation à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024. L’humoriste Waly Dia a d’ailleurs abordé de plein front le sujet dans son discours d’ouverture des Flammes 2024. Il a mis en garde les artistes présents dans la salle contre les politiques, qui s’intéressent uniquement aux musiques urbaines par intérêt : « Ne les laissez jamais se servir de vous, regardez ce qu’ils ont fait avec Aya cette année », a-t-il lancé.

Sous un tonnerre d’applaudissements, il a déclaré que « le problème ce n’est pas la musique, le problème c’est qu’Aya c’est une femme noire qui ne leur donne pas l’heure ». Le comédien a amèrement rappelé que les artistes noires qui représentent la France subissent toujours une polémique, en citant Black M qui n’a finalement pas chanté à Verdun, ou encore l’hymne des Bleus pour l’Euro 2021, écrit par Youssoupha.

« La dernière fois qu’une histoire autour d’une femme dans nos musiques a pris autant de place c’est quand Diam’s s’est retirée avec le voile », a ajouté l’humoriste, en résumant : « Il y en a, les femmes quand elles apparaissent, ils n’aiment pas, quand ils disparaissent, ils n’aiment pas. En fait, quand une femme fait ce qu’elle veut, ils n’aiment pas, c’est ça le problème ».

Aya Nakamura, fière de son parcours

Dans ses discours de remerciements pendant la cérémonie, Aya Nakamura a elle aussi témoigné de la double difficulté d’être une femme noire dans l’industrie musicale en France. En recevant la Flamme de l’artiste féminine de l’année, elle s’est dite « très honorée par ce prix-là parce qu’être artiste féminine et en plus noire et qui vient de banlieue, c’est très très difficile ».

« Honnêtement, moi je sais là d’où je viens et je sais que j’en ai inspiré plus d’une donc je suis très fière », a-t-elle affirmé, trophée à la main. Plus tôt dans la soirée, la chanteuse franco malienne, qui a grandi à Aulnay-sous-Bois, avait déjà rappelé son parcours. « Ça n’a pas été facile pour moi mais je pense que ce trophée et cette victoire-là, c’est pour toutes les renoi, toutes les filles qui me regardent. Mais bien sûr qu’on vient de loin », a-t-elle dit dans son discours de la Flamme de l’album nouvelle pop.

Son prix du rayonnement international a aussi été l’occasion de montrer qu’Aya Nakamura n’inspire pas qu’un public français. Alors qu’elle marchait jusqu’à la scène pour recevoir une énième statuette, les présentateurs des Flammes ont rappelé qu’elle est égérie mondiale de Lancôme, que son concert à Londres s’est vendu à guichets fermés, et surtout qu’elle est l’artiste francophone la plus écoutée à l’étranger. Pour résumer : « elle incarne incontestablement la Française par excellence dans le monde, que ça plaise ou non ».

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