Avortement aux États-Unis: l'Indiana devient le premier État à adopter de nouvelles restrictions

Avortement aux États-Unis: l'Indiana devient le premier État à adopter de nouvelles restrictions

La Cour suprême est revenue en juin dernier sur l'arrêt Roe v. Wade qui garantissait le droit à l'avortement dans le pays au niveau fédéral. Les États sont désormais libres d'imposer de nouvelles restrictions.

Les conséquences de la révocation du droit à l'avortement aux États-Unis se concrétisent. L'Indiana est officiellement devenu vendredi le premier État américain à adopter de nouvelles restrictions concernant le recours à l'avortement, selon Associated Press, un peu plus d'un mois après la décision de la Cour suprême de revenir sur l'arrêt Roe v. Wade qui faisait jusqu'alors office de jurisprudence concernant le droit à l'avortement. L'interdiction entrera en vigueur le 15 septembre prochain.

"Je suis heureux (...), c'est l'un des plus grands défis qu'on ait eu à relever en tant qu'assemblée générale, ou du moins depuis que j'en fais partie", s'est félicité après le vote le président Républicain du sénat de l'Indiana, Rodric Bray.

"Je pense que c'est une opportunité fantastique sur laquelle nous devons nous appuyer pour avancer", a-t-il appelé.

La décision a été votée à 28 voix contre 19 par les sénateurs de l'Indiana, après avoir été ratifiée à 62 voix pour contre 38 par la Chambre. Des militants revendiquant le droit à l'avortement ont protesté devant le Capitol après l'annonce.

Des exceptions prévues en cas de viol ou d'inceste

Les nouvelles restrictions prévues comportent plusieurs exceptions. Les avortements resteront en effet possibles dans les cas de viol ou d'inceste, mais seulement dans les 10 premières semaines de grossesse, dans les cas où la vie de la mère est en danger ou si une malformation létale est détectée sur le foetus.

Les avortements encore autorisés ne pourront plus être réalisés dans une clinique. Les patientes devront, à partir de mi-septembre, se rendre à l'hôpital ou dans des dispensaires détenus par des hôpitaux, contrainte de plus au recours à l'IVG.

La décision prévoit par ailleurs que les médecins pratiquant des avortements illégaux se verront retirer leur permis d'exercer.

"Un recul démocratique"

Certains élus de l'Indiana, opposé à la décision, ont publiquement déploré les résultats du vote.

"C'est un recul démocratique. Quelles autres libertés sont sur la sellette, dans l'attente d'être supprimées?", s'est inquiété la sénatrice démocrate Jean D. Breaux.

Des sénateurs républicains ont eu aussi fait part de leur désapprobation concernant la nouvelle loi. Le sénateur Mike Bohacek, qui a voté contre la loi, a notamment déploré que la décision ne protège pas suffisamment les femmes handicapées victimes de viol; évoquant le cas de sa fille de 21 ans, atteinte de trisomie 21.

"Si elle perdait son animal en peluche préféré, elle serait inconsolable. Imaginez-la en train de porter un enfant", a-t-il lâché.

L'un des premiers États à débattre de nouvelles restrictions

L'Indiana a été l'un des premiers États américains à débattre de l'adoption d'un cadre plus restrictif de l'avortement, après le vote de la Cour suprême fin juin, mettant fin à une jurisprudence datant de 1973. Cette décision a ouvert la voie à chaque État américain de revenir sur le droit à l'avortement.

L'État a récemment fait parler de lui après qu'une gynécologue d'Indianapolis a été visée par une enquête des autorités. La médecin avait aidé une jeune fille de 10 ans à avorter après un viol.

À l'inverse de l'Indiana, les habitants du Kansas ont voté cette semaine pour le maintien de la garantie constitutionnelle sur l'avortement, lors du premier scrutin majeur sur l'avortement depuis que la Cour suprême des Etats-Unis a annulé le droit fédéral à l'IVG.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - États-Unis: le Kansas vote pour le maintien du droit à l'avortement