"Nous avons pris la bonne décision en nous retirant": le président turc étrille l'Eurovision

Les fans de l'Eurovision ne sont pas près de voir la Turquie réintégrer le concours. À l'issue d'une réunion de son gouvernement, lundi 20 mai, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé dans un discours, ce concours très LGBT-friendly de corrompre les "valeurs familiales".

"Il est devenu impossible de trouver des personnes normales à ces événements", a-t-il déclaré, qualifiant les candidats de "chevaux de Troie de la corruption sociale."

Ces propos relayés par Associated Press suivent la victoire du représentant suisse à l'Eurovision 2024, le 11 mai dernier à Malmö en Suède: Nemo, artiste non-binaire de 24 ans, a remporté cette 68e édition du concours avec sa chanson The Code. L'interprète s'est produit en jupe et a brandi le drapeau associé à son identité de genre à plusieurs reprises au cours de la compétition.

"Nous comprenons mieux que nous avons pris la bonne décision en retirant la Turquie de cette honteuse compétition il y a 12 ans", a poursuivi Recep Tayyip Erdogan, estimant que l'Eurovision tend à "neutraliser le genre".

Vitrine progressiste

La Turquie a intégré l'Eurovision en 1975 et s'en est retirée après l'édition de 2012. Le pays a remporté une fois le concours en 2003. "Nous n’envisageons pas de retourner dans la compétition", avait déclaré en 2018 Ibrahim Eren, ancien président de la télévision publique turque. Il s'en était alors pris à Conchita Wurst, avatar féminin du chanteur autrichien Thomas Neuwirth, qui a gagné le concours en 2014 en alliant barbe et robe du soir:

"En tant que chaîne publique, nous ne pouvons pas diffuser en direct à 9 heures du soir - quand les enfants sont encore éveillés - une personne comme cet Autrichien barbu vêtu d'une robe, qui ne croit pas aux genres et déclare qu'il est à la fois un homme et une femme", avait-il vitupéré.

Le concours de l'Eurovision, créé en 1956, revendique sa bienveillance envers la communauté LGBT, souvent représentée parmi ses candidats. Par exemple en 1998, quand la chanteuse transgenre Dana International a remporté la compétition pour Israël, ou en 2003 quand la Russie a envoyé le duo (faussement) lesbien t.A.T.u pour la représenter.

Article original publié sur BFMTV.com