Les avocates de la femme qui accuse Gérald Darmanin de viol "consternées" par sa nomination

Gérald Darmanin, ex-ministre de l'Action et des comptes publics et nouveau ministre de l'Intérieur. - AFP
Gérald Darmanin, ex-ministre de l'Action et des comptes publics et nouveau ministre de l'Intérieur. - AFP

Les avocates de la femme qui accuse Gérald Darmanin de "viol" depuis 2017 se sont dites mardi "consternées" par sa nomination au ministère de l'Intérieur, un "geste politique" qui "pose problème au regard de l'égalité des armes et des paroles" dans l'enquête judiciaire.

"C'est avec stupéfaction sinon consternation que nous avons appris (cette) nomination", écrivent dans un communiqué à l'AFP Me Marjolaine Vignola et Me Elodie Tuaillon-Hibon. "Il est évident que ce geste politique, dont on imagine mal qu'il ait été fait sans le plein aval de l'Élysée, complique sérieusement la situation et pose problème au regard de l'égalité des armes et des paroles", d'après elles.

Les investigations relancées

La cour d'appel de Paris a récemment ordonné la relance de nouvelles investigations, confiées à un juge d'instruction, à la suite des accusations d'une femme, Sophie Patterson-Spatz, contre Gérald Darmanin.

En 2017, celle-ci avait raconté s'être adressée en 2009 à celui qui était alors chargé de mission à l'UMP (parti devenu LR) pour tenter de faire annuler une condamnation de 2004 pour chantage et appels malveillants contre un ex-compagnon.

Selon elle, Gérald Darmanin, aujourd'hui âgé de 37 ans, lui aurait fait miroiter à l'époque son appui auprès de la Chancellerie via une lettre. La plaignante a raconté aux enquêteurs s'être sentie en échange contrainte de "passer à la casserole".

Entendu en audition libre, Gérald Darmanin a confirmé avoir eu une relation sexuelle avec Sophie Patterson-Spatz, mais selon lui librement consentie et à l'initiative de la plaignante. Aucune confrontation n'a été organisée entre eux.

La cause des femmes, "grande cause du quinquennat"?

"Il faut savoir rester tranquille comme Baptiste quand on n'a rien à se reprocher, ce qui est mon cas", avait affirmé mi-juin Gérald Darmanin, en réaction à la relance des investigations.

Pour les avocates de la plaignante, "la présomption d'innocence toutefois n'est pas un dogme absolu qui autorise n'importe quoi.

"Comment ne pas redouter désormais que la fonction du mis en cause pèse sur l'ensemble de la procédure", s'interrogent-elles, critiquant par ailleurs le "message" selon elles négatif "envoyé à la 'grande cause du quinquennat', la cause des femmes".

L'entourage d'Emmanuel Macron a indiqué lundi à l'AFP que la plainte pour viol visant Gérald Darmanin semble évoluer "dans le bon sens" et cette plainte "n'a pas fait obstacle" à sa promotion au ministère de l'Intérieur.

Des militantes féministes ont dénoncé mardi un "remaniement de la honte" après cette nomination ainsi que celle d'Eric Dupond-Moretti, très critique envers le mouvement #metoo, comme ministre de la Justice.

Article original publié sur BFMTV.com