Quel avenir pour le Sport dans le "super ministère" d'Amélie Oudéa-Castéra?

"Pas un centimètre de ma vie n'est pas consacré aux Jeux. Je ne peux pas faire plus", laissait entendre il y a encore quelques semaines en coulisses la nouvelle ministre de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. L’agenda d’Amélie Oudéa-Castéra était déjà bien rempli avant cette promotion, il va désormais devenir "surbooké". Depuis plusieurs jours, les bruits étaient remontés que cette ministre, très appréciée par le chef de l'État, pouvait obtenir une promotion.

Tout sera désormais une question d’organisation. Emmanuel Macron et Gabriel Attal devraient garder une présence très importante dans les sujets consacrés à l’Éducation. La ministre sait très bien qu’elle ne peut pas abandonner le sport dans cette année capitale pour tout ce secteur.

"Le changement sera minime", prévient un proche du ministère.

Et "AOC" sait très bien que la réussite des Jeux conditionnera son avenir politique. Ça sera son premier grand test, après un passage remarqué au ministère des Sports où la ministre a dû faire face aux défaillances dans les fédérations sportives.

"Tout est lancé"

Est-ce vraiment inquiétant pour les JO? Globalement, non. Cette omniprésence de la ministre des Sports dans tous les dossiers Jeux olympiques est une spécificité d’Oudéa-Castéra. Le cabinet du ministère des Sports va poursuivre son travail totalement normalement afin de livrer ces Jeux olympiques et paralympiques en temps et en heure.

"Tout est lancé", confie un de ses proches.

Et d’ajouter: "Les JOP sont un gros paquebot, déjà sur l’eau et comme d’habitude les décisions majeures vont revenir au chef de l’État". Il est vrai que le ministère a un rôle beaucoup plus important à jouer dans le fait de faire vivre l'ambiance autour des Jeux, plutôt que sur des décisions concrètes d'organisation.

D’autres interlocuteurs font remarquer que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est très attendu sur ce sujet des JO. "Peut-être plus qu'Amélie", estime un député. Les décisions sur la jauge de la cérémonie d’ouverture, la sécurité des compétitions, tout sera contrôlé par le locataire de la Place Beauvau. Amélie Oudéa-Castéra n’a pas son mot à dire sur ces thèmes. Ce changement a donc un impact très faible sur les JO. Les personnes de l’ombre, comme les conseillers et le délégué interministériel, sont aussi nombreux sur ce sujet. Politiquement, ils seront déterminants pour éviter de gripper le moteur JO et permettre une bonne relation entre toutes les parties.

"Le sport mérite notre attention"

Ce vendredi matin, lors de la passation de pouvoirs avec Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castéra a répété: "Le sport mérite notre attention, il est un formidable vecteur de mixité. L’école est une terre de possible, le sport est une terre de possible. La jeunesse a envie et besoin de ces possibles". La ministre essaye déjà de trouver un lien entre ses différents portefeuilles. Et ça sera le cas pendant les prochains mois. La grande cause nationale, réservée cette année au sport, permet l’organisation de nombreux événements en relation avec l’Éducation. Des déplacements seront organisés sur ces thèmes dans les prochains jours. A 196 jours des "JOP", pour le moment, aucune figure du monde sportif n'est montée au créneau pour dénoncer cette décision. Reste aussi à savoir si un ministre délégué ou un secrétaire d'État en charge des Sports sera désigné. Ce n'était pas la tendance ces dernières heures.

Tout est aussi une question d’image. Les syndicats enseignants pointent du doigt une ministre qui ne sera pas à 100% avec eux. De l’autre côté, le monde du Sport peut aussi trouver à redire sur ce changement. "À six mois des Jeux olympiques, ce grand ministère fourre-tout n’est pas sérieux", fait savoir Sabrina Sebaihi, rapporteure de la commission d’enquête sur les dysfonctionnements au sein des fédérations. Dans les prochaines semaines, la ministre va devoir jouer sur deux tableaux et devra essayer d’oublier aucun sujet tout en restant attentive au monde sportif qui a longtemps réclamé un ministère de plein exercice.

Ça pourrait rapidement devenir compliqué pour l’ancienne sportive de haut niveau décrite par ses proches comme une "bosseuse" et connue pour "maîtriser parfaitement tous les dossiers sur le bout des doigts". Jeudi, dans un message envoyé aux présidents des fédérations sportives, la ministre a rappelé qu’elle continuera "de porter haut les couleurs de notre sport autant que l'ambition de réussir ensemble nos JOP et pour bâtir avec vous ces synergies tant attendues autour du sport, de l'école et de la jeunesse". "C’est sûr qu’elle réagira moins sur toutes les polémiques sportives", conclut, avec le sourire, un député qui estime que le "Sport et les JO passent une nouvelle fois au second plan".

Article original publié sur RMC Sport