Avec les frappes russes, l'armée syrienne progresse dans l'Ouest

par Vladimir Soldatkin et Suleiman Al-Khalidi SOTCHI, Russie/AMMAN (Reuters) - Des avions russes ont bombardé dimanche des positions de rebelles syriens dans la province d'Idlib, dans l'ouest de la Syrie, permettant aux soldats de Bachar al Assad et à leurs alliés du Hezbollah chiite libanais de progresser face aux insurgés. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les forces gouvernementales et leurs alliés ont repris le contrôle du plateau de Tal Skik à la suite des bombardements russes. Les loyalistes se rapprochent ainsi des positions rebelles le long de l'autoroute qui relie les principales villes du pays. Les insurgés dans cette région n'appartiennent pas au groupe Etat islamique (EI). "Les batailles à venir vont être féroces, les Russes pratiquent la politique de la terre brûlée et leurs frappes sont très précises", déclare Abou Hamed, responsable militaire du Djabhat Cham, groupe rebelle surtout actif dans la province de Hama, en dénonçant "l'occupant russe". Appuyées par des blindés, de l'artillerie lourde et de nouveaux missiles sol-sol, les forces gouvernementales parties des villes de Mourek et d'Atchan ont également progressé dans la province de Hama, a-t-il ajouté. Le ministre russe de la Défense a annoncé dimanche que son aviation avait effectué 64 sorties ces dernières vingt-quatre heures, frappant 63 objectifs et détruisant 53 positions fortifiées des rebelles. Selon le Kremlin, les cibles visées appartiennent toutes à l'Etat islamique - mais l'EI n'est pas présent dans la majeure partie des zones touchées. La télévision syrienne a également annoncé la prise de Tal Skik après une "vaste opération militaire" appuyée par les raids aériens russes contre les "organisations terroristes" dans le secteur. L'OSDH et une chaîne de télévision libanaise rapportent qu'un haut responsable militaire du Hezbollah a été tué dans les combats. VISIOCONFÉRENCES USA-RUSSIE Les Russes ont intensifié ces derniers jours leurs bombardements aériens, lancés au début du mois, en assurant frapper les djihadistes de l'EI. Le président Vladimir Poutine a reçu dimanche à Sotchi, sur les rives de la mer Noire, le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed Bin Zaïed al Nahyan, pour parler de la situation au Proche-Orient et notamment en Syrie. C'était la rencontre de plus niveau entre la Russie et un dirigeant du Golfe depuis que Moscou a lancé son offensive aérienne en Syrie. "Je suis heureux de cette occasion de parler de la situation dans la région, notamment à la lumière des récents attentats terroristes en Turquie", a dit le prince Mohammed. Dans une interview télévisée, Poutine, qui devait aussi voir dans la journée le ministre saoudien de la Défense, Mohammed bin Salman, a affirmé qu'il ne voulait pas prendre parti dans le conflit en Syrie entre les alaouites, communauté à laquelle appartient Assad, et les sunnites. La Turquie a annoncé dimanche que des avions de chasse syriens et des systèmes de missiles avaient harcelé trois de ses F-16, la veille près de la frontière entre les deux pays. Les trois avions turcs patrouillaient au-dessus de la frontière quand ils se sont retrouvés en interférence pendant deux minutes avec des systèmes de missiles basés en Syrie. De telles interférences ont également été provoquées pendant 35 secondes par deux Soukhoï SU-22 et un SU-24 de l'aviation syrienne, précise l'armée turque. Le week-end dernier, la Turquie avait fait état de deux incursions de chasseurs russes dans son espace aérien. Des responsables russes et américains ont tenu ces dernières vingt-quatre heures deux visioconférences en vue de prévenir des incidents entre les avions des deux armées qui opèrent au-dessus de la Syrie. (Avec Sylvia Westall à Beyrouth et Jack Stubbs à Moscou; Guy Kerivel pour le service français)