Avant le Salon de l’agriculture, ce maire agriculteur attend du concret car pour l’instant il n’a « rien vu »

AGRICULTURE - « Je dis souvent : c’est plus facile d’être maire qu’agriculteur ». Michaël Morel a 45 ans, il est marié, père de quatre filles et agriculteur à la tête d’une exploitation de 360 hectares. Depuis 2020, il est aussi maire, sans étiquette, de Jayat, 1300 habitants. C’est dans cette petite commune de l’Ain que Le HuffPost l’a suivi une semaine après les annonces du Premier ministre qui a permis la levée des barrages mais n’a pas mis fin à la crise agricole.

Blocages des agriculteurs : Gabriel Attal fait de nouvelles annonces sur les prairies, les retraites ou les pesticides

Comme bien des agriculteurs, sa journée de travail commence aux aurores. Dès 7 heures du matin, éclairé par les néons couleur blanchâtre de son hangar, il nourrit quelques-unes de ses 140 vaches. 7h30, direction la maison familiale où l’attend sa benjamine, Julia, 9 ans, encore ensommeillée. Ils petit-déjeunent ensemble, « un moment privilégié » père-fille.

Pendant que la fillette finit de se préparer, l’éleveur ne perd pas une seconde et consulte la boîte mails de la mairie, son « rituel du matin ». Après avoir emmené Julia à l’école, il se hisse dans son tracteur et se rend dans l’une de ses trois fermes. Au programme de la matinée : extraire du troupeau une dizaine de « bêtes » et les préparer pour l’abattoir.

Beaucoup de « paperasse » sur ses deux bureaux

Avant qu’elles quittent définitivement l’exploitation, il faut s’assurer que tout soit en ordre, car « tout est contrôlé, tracé, vérifié ». « Chaque bovin a son passeport » explique Mickaël penché au-dessus de son bureau quasi recouvert de cette « paperasse » associée aux nombreuses normes dont beaucoup d’agriculteurs se plaignent.

Pour lui les annonces faites par Gabriel Attal et son gouvernement « vont dans le bon sens ». Mais méfiant, il « espère que cela ira au bout » et « qu’on ne va pas laisser tomber ». Il est formel, « Si ce n’est pas à la hauteur de ce qu’on demandait, ça va rebouger ».

11 heures, changement de décor. La deuxième vie de Mickaël peut commencer ; celle de maire. Il arrive à la mairie où sont affairées les deux secrétaires avec lesquelles il travaille. Ensemble, ils font un rapide point, le temps que son café « bien serré » s’écoule. Il nous présente ensuite son second bureau, là aussi on y trouve « un peu de paperasse », s’amuse-t-il un brin ironique.

Rendez-vous au Salon de l’Agriculture

Avant d’être maire, l’enfant du pays, a été tour à tour conseiller et adjoint. Quand son prédécesseur, avec qui il partageait un grand nombre d’idées, a voulu se retirer, il s’est présenté aux élections, sur l’unique liste en lice cette année-là. « Ça s’est fait assez automatiquement en fait », raconte-t-il.

Mickaël est loin d’être le seul à cumuler cette double casquette, puisqu’en 2020, selon les chiffres de l’Association des maires de France, près de 12 % des maires exerçaient aussi la fonction d’agriculteur.

Le Jayatis trouve « dommage » que la crise ait fait « la une des médias toute la semaine dernière » et qu’on ait aujourd’hui « l’impression qu’on n’en parle presque plus ». Il attend donc de pied ferme le début du Salon de l’Agriculture, le 24 février prochain. Attal et ses ministres, sont prévenus, tous les regards du monde agricole et au-delà seront tournés vers eux. Une réunion à Matignon avec la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs a été annoncée pour mardi 13 février, alors qu’Arnaud Rousseau, patron du 1er syndicat, a mis en garde le gouvernement sur l’absence d’avancées concrètes.

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