Avant la marche contre l’antisémitisme, le RN tente de faire oublier la sortie de Bardella sur Le Pen

Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, le 9 novembre 2023 sur BFMTV.
Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, le 9 novembre 2023 sur BFMTV.

POLITIQUE - Au RN, demander si Jean-Marie Le Pen est antisémite est une vraie question piège. Depuis la sortie du président du parti Jordan Bardella qui a d’abord estimé que non, avant de revenir sur ses propos, les élus du parti d’extrême droite ont bien du mal à répondre à la question. Ce, alors que leur participation à la marche contre l’antisémitisme prévue dimanche 12 novembre à Paris fait polémique.

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Sur le plateau de BFMTV mercredi 8 novembre, l’embarras de la députée RN du Loiret Mathilde Paris était flagrant. « Jean-Marie Le Pen, il était antisémite ou pas ? », ont demandé à plusieurs reprises les journalistes de BFMTV. « J’ai mon avis sur la question », finit par répondre la députée. Invitée à préciser sa pensée, au terme d’un long silence, elle lâche : « Moi, à titre personnel, je pense qu’il l’était, voilà ».

Quelques minutes plus tôt, Mathilde Paris avait pourtant affirmé : « Non, il n’était pas antisémite, mais il a eu une ambiguïté ». Le fondateur du Front national été condamné à plusieurs reprises pour avoir comparé la Shoah à « un détail » de l’Histoire.

« Personne ne le sait à part Jean-Marie Le Pen  »

Ce jeudi 9 novembre, c’est son collègue de la Somme Jean-Philippe Tanguy qui se voit interrogé dans la matinale de BFMTV/RMC. « Jean-Marie Le Pen, antisémite ? », questionne d’emblée Apolline de Malherbe.

L’élu tente une première esquive et répond à côté. « Les propos qu’a tenus Jean-Marie Le Pen ont été condamnés parce qu’ils étaient condamnable », déclare-t-il avant d’ajouter un peu plus tard : « Jordan Bardella n’a jamais nié que les propos de Jean-Marie Le Pen n’étaient pas condamnables, il ne nie pas qu’ils aient été condamnés ».

« Ce qui compte c’est est-ce que Jean-Marie Le Pen a tenu des propos qui ont été condamnés ? Oui. Est-ce qu’on reconnaît ces condamnations ? Oui. Est-ce qu’on a tiré des conséquences politiques sur le fait que ces propos étaient antisémites, négationnistes, révisionnistes, sur d’autres thèmes homophobes ? Oui. Ce sont les actes qui comptent », veut croire Jean-Philippe Tanguy.

Selon Jean-Philippe Tanguy, Jordan Bardella n’a pas clairement qualifié Jean-Marie Le Pen d’antisémite « parce qu’il ne le sait pas. Et personne ne le sait à part Jean-Marie Le Pen lui-même », tente de balayer le député.

Deuxième argument du député de la Somme : la « rupture » opérée par Marine Le Pen avec son père en 2015 en l’excluant du Front National, preuve selon lui que le parti a « tourné la page ». « Marine Le Pen en 2015 a pris une décision fondamentale, très dure, d’exclure son père sur la ligne politique sur laquelle elle s’était présentée devant les Français en prouvant que ce n’était pas des paroles, que c’était des actes », assure Jean-Philippe Tanguy.

Mercredi, Marine Le Pen a rappelé sur RTL qu’elle a exclu son père lorsqu’il a réitéré ses propos sur la Shoah, considérant « qu’il y a des sujets sur lesquels on ne peut laisser naître aucune ambiguïté ». Dans un entretien au JDD mercredi après-midi, Jordan Bardella a lui affirmé « reconnaître les condamnations de Jean-Marie Le Pen par la justice », « un fait qu’on ne peut pas, par définition, réfuter ». Mais toujours sans dire la phrase taboue.

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