Avant les européennes, socialistes et insoumis s’écharpent sur la guerre en Ukraine

Raphaël Glucksmann photographié au Parlement européen à Strasbourg le 16 janvier (illustration)
FREDERICK FLORIN / AFP Raphaël Glucksmann photographié au Parlement européen à Strasbourg le 16 janvier (illustration)

POLITIQUE - L’échéance, encore lointaine, approche. Alors forcément, les coups commencent à pleuvoir en vue des élections européennes 2024. Illustration avec le débat à ciel ouvert offert par la gauche ce mardi 20 février, après le passage de la tête de liste du PS Raphaël Glucksmann sur BFMTV la veille.

Pourquoi les rivaux de Glucksmann ne veulent pas se ranger derrière lui pour les européennes

Fervent défenseur du soutien à l’Ukraine agressée par la Russie, l’eurodéputé a affirmé que l’Europe « devrait être passée en économie de guerre » pour soutenir les efforts ukrainiens, et contenir les aspirations impérialistes de Vladimir Poutine.

Un positionnement aux antipodes de celui de la France insoumise, qui dit prôner une solution diplomatique afin d’œuvrer à une paix. Ce qui reviendrait à accorder à Vladimir Poutine ce qu’il réclame, à savoir l’annexion (par la force) des territoires russophones ukrainiens, tout en contraignant Volodymyr Zelensky à s’entendre avec celui qui bombarde son pays et dont l’armée commet des crimes de guerre sur son sol.

Glucksmann et la « soumission au tyran »

« Ce qui est fou, c’est de vouloir embarquer la France dans un affrontement généralisé. La voie militaire est une impasse. Seule une solution diplomatique permettra la paix. Notre pays se grandirait à y mettre tout son poids pour que cessent les massacres le plus vite possible », a répliqué sur X le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard. Et Éric Coquerel de renchérir : « question sincère à Olivier Faure : est-ce vraiment derrière ce va t’en guerre que le PS signataire du programme de la NUPES va se retrouver aux Européennes ? ».

Des offensives qui n’ont pas manqué de faire réagir Raphaël Glucksmann. « Il y a toujours eu des hommes politiques qui confondent la paix et la soumission au tyran. Et ils ont toujours accusé ceux qui veulent défendre nos démocraties contre une dictature qui les menace d’être des « va-t-en-guerre ». Un vieux clivage qu’il nous faut trancher avec clarté », a-t-il répondu sur le même social, avant d’enfoncer le clou : « Selon ces pseudo-“pacifistes“, exhorter les démocraties à produire des armes pour empêcher Poutine de conquérir l’Ukraine reviendrait à ”vouloir“ le conflit. Ils refusent de voir que c’est notre faiblesse qui invite le tyran à aller toujours plus loin dans sa guerre ».

Porte-parole du PS figurant sur la liste de Raphaël Glucksmann, Chloé Ridel a porté la contradiction à Manuel Bompard. « Tout le monde veut la paix en Ukraine. Ça n’est pas là que se situe le débat. Appeler à la paix sans dire comment on l’obtient relève du vœu pieux, irresponsable dans le contexte. Appeler à la paix sans se soucier de la justice, et donc de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, relève de la forfaiture », a-t-elle répondu.

Ce qui a provoqué ce commentaire ironique de Manuel Bompard. « De “il faut passer en économie de guerre et envoyer toute notre artillerie”, on est passé à “tout le monde veut la paix en Ukraine”. Encore un petit effort et Chloé Ridel défendra la liste commune aux élections européennes ! », a-t-il poursuivi. « Encore un petit effort pour lire mon tweet au-delà de la première phrase ! Notre position est claire : envoyer des armes à ceux qui se défendent en conformité au droit international ; décréter l’embargo sur l’envoi d’armes à ceux qui l’enfreignent, comme Israël à Gaza », a défendu l’intéressée.

Cette divergence de point de vue démontre toute la difficulté pour les deux formations de s’entendre sur la politique internationale et donc de faire alliance dans le cadre d’élections européennes où ces questions sont centrales. D’autant qu’au sein de ce qui reste de la NUPES, la position de la France insoumise détone toujours.

Aveuglement

Défenseur d’une diplomatie « non-alignée » pétrie de sentiments altermondialistes aux accents (souvent) antiaméricains, Jean-Luc Mélenchon, partisan d’une sortie de l’Otan, s’est souvent montré indulgent avec la Russie de Vladimir Poutine. Au point d’affirmer en novembre 2020 que « la Russie est un partenaire plus fiable que les États-Unis ». Un aveuglement au sujet de l’impérialisme russe qui lui a été reproché au déclenchement de la guerre en Ukraine en pleine campagne présidentielle, notamment par l’écologiste Yannick Jadot.

Si le chef de file de la France insoumise a condamné sans réserve l’invasion russe, les résidus de ce tropisme moscovite persistent au sein de son mouvement. Que ce soit à l’Assemblée nationale où sur les plateaux de télévision, les insoumis s’opposent aux livraisons d’armes à Kiev, considérant que cela relève de la « cobelligérance ». Ce qui ne correspond du tout pas à ce que dit le droit international sur le sujet (ce même droit international derrière lequel se cache LFI pour s’abstenir de qualifier le Hamas d’organisation terroriste). En décembre 2022, les députés LFI se sont d’ailleurs abstenus (comme le RN) lors du vote d’une résolution de soutien à l’Ukraine, à l’inverse (déjà) de leurs partenaires de la NUPES.

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