Avant les débats sur le budget et la loi immigration, Élisabeth Borne craint "le poison de la division"

Une mise en garde. Présente ce jeudi pour la clôture des journées parlementaires de Renaissance, Élisabeth Borne a prévenu ses troupes avant une rentrée à l'Assemblée nationale à haut risque.

"La division est un poison, elle mène au blocage des institutions, à la paralysie politique, puis à la défaite lors des élections", a prévenu la Première ministre.

Inquiétudes sur la solidité de la majorité avec le projet de loi immigration

La locataire de Matignon n'a manifestement pas apprécié la tribune de Sacha Houlié, le président macroniste de la commission des Lois signée par plusieurs ténors de la gauche comme le communiste Fabien Roussel ou l'écologiste Julien Bayou.

Ce texte, publié dans Libération, milite en faveur de la régularisation des travailleurs sans-papiers dans la future loi sur les questions migratoires prévue à l'Assemblée nationale cet hiver.

Ce projet se voulait initialement équilibré entre titres de séjours pour les travailleurs en situation irrégulière dans des métiers qui peinent à recruter et meilleure exécution des obligations de quitter le territoire.

"La force de notre majorité, c'est l'unité"

Mais la droite a déjà indiqué tout net qu'elle voterait contre - un sacré caillou dans la chaussure pour le gouvernement, qui ne peut pas se passer des voix des LR en l'absence de majorité absolue.

De quoi donc pousser l'aile gauche de Renaissance à jouer sa carte tout en agaçant la dirigeante. La sexagénaire a cependant promis devant les députés Renaissance "un texte équilibré" qui soit "capable de rassembler une majorité à l'Assemblée nationale comme au Sénat".

"Depuis plus de six ans, la force de notre majorité, c'est l'unité. C'est grâce à elle que nous parvenons à réformer", à être "crédibles", et à maintenir "le cap fixé par le président de la République", a encore fait valoir la cheffe du gouvernement.

Il faut dire que la Première ministre joue très gros personnellement. En cas de 49.3 sur le projet de loi immigration, la droite a déjà prévenu: elle pourrait déposer une motion de censure avec l'espoir de renverser Élisabeth Borne.

Un budget à très haut risque

Un tel scénario qui reste pour l'instant très hypothétique pourrait pousser Emmanuel Macron à dissoudre l'Assemblée nationale. Les derniers sondages qui testaient l'hypothèse de législatives anticipées pronostiquaient cependant un scrutin très compliqué pour la macronie.

Mais une autre hypothèse pourrait faire du mal à Élisabeth Borne: celle d'une majorité qui ne la soutiendrait plus lors du futur examen du budget de l'État et du budget de la sécurité sociale à l'automne.

Les discussions s'annoncent d'autant plus tendues, y compris en interne, que Bruno Le Maire a déjà prévenu. Le budget à venir sera délicat à boucler entre croissance relativement faible, des recettes fiscales moins élevées que prévu et une dette publique importante.

Du monde à la porte

Conclusion: des arbitrages budgétaires vont devoir être faits, sur fond de recours à plusieurs reprises au 49.3 pour faire adopter sans vote ces textes.

"Si je ne l'utilise pas de gaieté de cœur, je refuse plus encore l'immobilisme", s'est justifiée par avance la Première ministre.

Ces manœuvres pourraient agacer y compris dans le camp de la majorité qui, pour une partie, d'entre elle n'a toujours pas digéré qu'Élisabeth Borne dégaine cette cartouche pour faire passer la réforme des retraites en mars dernier. Le tout avec en embuscade ceux qui se verraient potentiellement bien à sa place comme Gérald Darmanin.

Article original publié sur BFMTV.com